Ni pour ni contre, pour le moment. En attendant de prendre connaissance du contenu de la réconciliation nationale et de l'amnistie en vue de se positionner, le Mouvement démocratique et social (MDS) pose la problématique des finalités assignées à cette politique, le leitmotiv du président Bouteflika pour son second mandat. Le porte-parole du MDS, Hassen Teguia, a appelé jeudi dernier, lors d'une conférence de presse au siège du mouvement, à la tenue d'un débat national. Le conférencier a appelé à la mise en œuvre de la réconciliation nationale « autour de valeurs démocratiques ». Rejetant l'idée de dawla islamiya (Etat islamique), M. Teguia s'est également opposé à l'idée que la réconciliation puisse servir à « retrouver le paradis perdu », allusion à la remise sur orbite de l'ex-parti unique depuis l'acceptation de sa présidence honorifique par Abdelaziz Bouteflika. Pour ce faire, il a réitéré ses propositions de sortie de crise : amendement de l'article 2 de la Constitution afin de séparer le politique du religieux, dissolution des partis qui se basent sur la religion, la culture ou encore l'histoire, abrogation du code de la famille, puis mise en place d'un véritable processus électoral. Abordant la question de l'amnistie générale, M. Teguia a indiqué que des lois précédentes, de même nature, à savoir celles sur la rahma et la concorde civile, n'ont pas clairement désigné la responsabilité de l'islamisme dans la décennie noire. « On a institutionnalisé l'idée de tragédie nationale pour signifier que tout le monde était coupable et de renvoyer dos à dos les terroristes et leur idéologie, d'un côté, et les services de sécurité, de l'autre. Le Pouvoir a déclaré qu'il n'y avait ni vainqueur ni vaincu », a-t-il déploré. « L'amnistie ne peut se faire contre le désir de justice, elle se fait par la justice », a-t-il poursuivi. Une justice vis-à-vis des familles des victimes du terrorisme. « Est-ce qu'on doit rendre cette justice uniquement dans le cadre des tribunaux ou y a-t-il une justice transitoire ? », s'est interrogé M. Teguia, citant l'exemple de l'Afrique du Sud qui a institué des sortes de « tribunaux populaires » où les instigateurs de l'Apartheid ont reconnu leur responsabilité. Intervenant lors de cette rencontre, un militant du MDS, très sceptique, a néanmoins estimé que « le rouleau compresseur de l'Etat est en marche pour laminer les consciences et faire accepter l'inacceptable ». « Il faut ramener le débat à la question essentielle, celle du front démocratique. Car il faut avouer nos limites en matière de voix. Nous sommes toujours les mêmes à parler, autour de la même table, sur les mêmes sujets. Où est cette Algérie profonde dont nous parlons ? », a-t-il assené, tout en appelant à fédérer les forces démocratiques. La conférence-débat du MDS s'inscrit dans le cadre de la préparation de son congrès prévu les 24, 25 et 26 mars prochain.