Le Mouvement démocratique et social (MDS) veut un débat sur le projet d'amnistie générale et l'idée de réconciliation nationale lancés par le président Bouteflika. Lors d'une conférence-débat organisée jeudi dernier au siège national de ce parti à Alger, Yacine Teguiya, le chargé de communication au MDS, a souligné l'impératif d'engager une réflexion sur ce sujet. “Le Chef du gouvernement qui s'exprimait à l'issue du conseil national du RND avait dit que l'amnistie générale n'avait pas besoin d'une campagne, mais il aurait pu dire aussi qu'elle nécessite un débat”, a expliqué Teguiya. Ce débat est d'autant plus indispensable, selon lui, que le projet présidentiel pèche par son imprécision. “Il a lancé une idée, mais sans toutefois avancer quoi que ce soit sur son contenu. Cette amnistie demeure pour nous un projet opaque”, dira l'orateur à ce propos. L'attitude présidentielle n'est pas sans susciter des interrogations chez le parti de El-Hachemi Chérif. “En ne précisant pas le contenu de l'amnistie générale, est-ce une manière de laisser la porte ouverte à un débat ou bien une façon lui permettant de manœuvrer sournoisement ?” s'est-il interrogé. Quoi qu'il en soit, du point de vue du MDS, “l'amnistie n'est pas inacceptable si elle ne tient pas de la logique d'un pouvoir qui resterait seul arbitre pour assurer la reconduction, voire l'approfondissement du compromis avec l'islamisme et l'affermissement de l'ultra-libéralisme”. C'est du moins ce que l'on peut lire dans l'avant-projet de résolution politique et idéologique, document de base destiné à la préparation du congrès de ce parti prévu les 24, 25 et 26 mars prochain. C'est ce qui a été également souligné par le responsable communication du MDS qui précisera dans le même ordre d'idées que “la réconciliation ne peut pas être réduite au rétablissement de l'ordre public, ni signifier un retour à un état antérieur, dont la reconduction de Bouteflika au pouvoir serait une annonce et un gage puisque n'ayant pas participé à l'affrontement”. La réconciliation qui, du point de vue de l'orateur, “doit nous libérer de ce passé, mais ne pas l'oublier en faisant éclater la vérité sur les horreurs de l'islamisme”, doit également “faire un lien entre les années passées à faire la terreur islamiste, surmonter le conflit sur le “Qui tue qui ? et entrer de plain-pied dans l'avenir”. Critiquant la démarche de la concorde civile considérée comme un “échec” puisqu'elle n'a pas abouti aux résultats escomptés, Yacine Teguiya dénonce à ce propos le slogan du Président selon lequel “il n'y a ni vaincu ni vainqueur”. “En affirmant de manière péremptoire qu'il n'y a ni vainqueur ni vaincu, le pouvoir voulait assurer plus qu'une sortie honorable à l'islamisme qui pouvait ainsi manipuler sa défaite et laisser ouvert le conflit avec la société”, argue-t-il. Pour l'intervenant, “c'est la procédure administrative et opaque des commissions de probation qui révèle le secret de la démarche. En effet des aveux publics de la part des islamistes auraient été une capitulation publique devant la société et pas seulement devant le pouvoir”. C'est dans cet optique que le représentant du parti d'El-Hachemi Chérif veut tirer les leçons des expériences de pays ayant vécu pareil processus de réconciliation à l'image de l'Afrique du Sud. Toutefois, l'orateur s'interrogera sur la manière de rendre justice dans le cadre de ce processus de réconciliation et d'amnistie : “Peut-on en Algérie rendre justice dans le cadre de tribunaux comme ce qui s'est passé en Afrique du Sud ?” R. N.