« Où sont passées les statues du jardin public de Sidi Bel Abbès ? » C'est la question lancinante que se posent, depuis longtemps déjà, bon nombre d'amateurs et adeptes d'œuvres d'art ou de simples habitués des lieux. M Abdelkader Hani, spécialiste de l'histoire de l'art qu'il enseigne à l'Ecole des beaux-arts de Sidi Bel Abbès compte précisément parmi ceux qui s'interrogent sur le mystère de la disparition de ces statues. Interrogé à ce propos, M. Hani se dit profondément touché par la perte inexplicable de telles œuvres qu'il considère comme partie intégrale du patrimoine culturel public. Ces œuvres d'art, tient-il à préciser, sont d'autant plus précieuses qu'elles ont été réalisées par d'illustres artistes aux talents connus et reconnus. Enumérant quelques-unes de ces œuvres, l'interlocuteur cite, de prime abord, celle intitulée la « Chute d'Icare », produite par le sculpteur auguste Maillard. « Cette œuvre qui trônait jusqu'à un passé récent au jardin public de Sidi Bel Abbès, explique-t-il, représente le mythique Icare qui, grâce à des ailes de plumes et de cire confectionnées par Dédale, put voler ». « Orphée expirant » est l'appellation d'une autre œuvre d'art également disparue de manière insolite. Réalisée par le sculpteur Alphonse Eugène Guilloux, l'œuvre, dira M. Hani, représente le poète et musicien Orphée qui, selon la mythologie grecque, ayant reçu d'Apollon la lyre, envoûtait de son chant et de sa mélodie les êtres et les choses. M. Hani évoque, par ailleurs, une œuvre non moins importante, intitulée la « Caresse du Fauve », représentant Léda, la maîtresse de Zeus et la mère d'Hélène, l'héroïne mythologique de la guerre de Troie. Outre leur valeur purement artistique, ces statues revêtent fondamentalement un intérêt esthétique et pédagogique, conclura M. Hani qui, visiblement, garde l'espoir de voir un jour ces œuvres d'art restituées et réintégrées dans le patrimoine de l'Etat.