Ne dit-on pas que la justice est aveugle ? L'affaire qui vient de secouer les arcanes de celle de Tiaret n'est pas l'affaire du siècle ; elle n'a pas trait à une quelconque malversation ou parti-pris mais suffisante pour ébranler ses assises, fut-elle pour la condamnation (à tort ?) d'un justiciable qui n'est du reste pas un ange. Un procureur général adjoint près la cour de justice de Tiaret a été suspendu par la chancellerie pour une erreur judiciaire. Celle-ci a trait à une mauvaise transcription de la peine prononcée à l'endroit d'un jeune détenu de droit commun. Condamné à une année de prison ferme pour vol, la victime a vu sa peine commuée en huit mois de prison avec sursis après appel, mais par un malheureux concours de circonstances, il a dû terminer la totalité de sa peine en taule car sur le registre, ni le greffier ni le procureur, encore moins le juge d'application des peines et le directeur du pénitencier, ne se sont rendu compte du quiproquo tant subsistait une mauvaise interprétation du prononcé du verdict. Connu pourtant au niveau du parquet pour ses positions et son légalisme dérangeant qui a agité certains cercles, notamment à Sougueur où il exerça au niveau du tribunal de cette ville, Kacem Ali est un homme aujourd'hui blasé, mais qui semble faire face avec bravoure à ce « risque du métier ». Beaucoup de ses pairs magistrats et même certaines autres corporations viennent de lui témoigner leur solidarité agissante, mais la machine judiciaire mise en branle a été enclenchée. L'affaire, qui a entraîné une inspection du ministère de la Justice, a valu un avertissement jusqu'au directeur de prison mais celle-ci a pris une toute autre tournure, au-delà des considérations liées à la demande de réparation par la victime, quelques semaines à peine après le mouvement opéré dans la cour et les tribunaux de Tiaret et de Tissemsilt. Déjà éclaboussé par de petits scandales, le secteur de la justice à Tiaret aura vécu un été chaud, au propre comme au figuré, en attendant des lendemains meilleurs…