Aïn Seynour est une agglomération située à quelques encablures du chef-lieu de la commune de Mechroha et distante de Souk Ahras de 10 km. Son paysage pittoresque, l'air vivifiant des forêts qui l'entourent et la richesse de sa faune et de sa flore en font un refuge, voire un lieu de thérapie pour personnes stressées. Ses qualités naturelles incommensurables et ses atouts indéniables n'ont jamais été exploités par ceux qui, des mois durant, avaient promis monts et merveilles à sa population. Plus grave encore, Aïn Seynour est en train de perdre ses repères pour limiter ses ambitions à un lieu de passage où l'on marque une halte pour l'achat d'un paquet de cigarettes ou cueillir quelques primevères. L'ancienne source d'eau minérale gazeuse, qui portait fièrement le nom de la localité, a totalement disparu de son décor. Aucun responsable n'en a parlé depuis la poussée des dizaines de constructions qui continuent à obstruer le passage des eaux de ladite source. L'urbanisation sans âme de son artère principale, et les îlots d'habitations érigées dans l'anarchie, ont totalement défiguré l'aspect rural de ses constructions. Ses fermes, ses hameaux épars, ses sentiers sinueux aux senteurs de pins et de maquis adoptent les couleurs fades des lotissements du chef-lieu, les immondices qui jonchent le sol à longueur d'année, les monticules de gravats et autres résidus de matériaux de construction ont, il y a belle lurette, transformé ses vergers verdoyants en lieux de prédilection pour les rongeurs et les chiens errants. Les défaillances dans la canalisation des eaux usées sont à l'origine des émanations des odeurs pestilentielles et de la formation de plusieurs étangs où prolifèrent les moustiques. Ali Selaïmia, le président d'une association locale pour la protection de l'environnement, milite depuis des années pour la promotion du site et sa protection. Il a récemment dénoncé officiellement la destruction de plus d'une centaine d'arbres séculaires par une entreprise privée chargée d'un projet dans cette localité. « Les atteintes à l'environnement sont légion à Aïn Seynour. L'abattoir clandestin qui fait des siennes, le non-respect des normes dans l'aménagement semi-urbain, l'omniprésence des détritus et la destruction de la flore en sont les causes majeures », nous a-t-il déclaré, tout en lançant un appel aux différents responsables pour une prise en charge réel de ce volet. Avec plus de 6 000 habitants, Aïn Seynour n'a jamais été promue commune à cause de certains préalables qui ne vont pas dans le sens de l'épanouissement de sa population. Aucun investissement fiable n'y a vu le jour depuis l'Indépendance, et les équipes sportives locales et nationales programment leurs regroupements dans d'autres wilayas du pays, sinon en Tunisie. Sans hôtel, sans complexe sportif et sans structures, Aïn Seynour ne peut pas espérer mieux. Rendez-vous à la prochaine campagne électorale.
