Distant seulement de 10 km du chef-lieu de la wilaya de Souk Ahras, le village de Dardora est considéré comme l'une des zones les moins loties en matière de commodités. Les 300 âmes qui y vivent sont quotidiennement confrontées à une foultitude de contraintes dues certes aux conditions géographiques de la région, mais aussi à une gestion antérieure empreinte de laxisme. Dépendant de la commune de Zaârouria, elle-même accusant un retard flagrant en matière de développement, Dardora trouve du mal à voir le bout du tunnel. Seules la route bitumée et l'école primaire annoncent un semblant d'aménagement pour cette agglomération dont l'implantation remonte à la période coloniale. Des constructions de fortune érigées de manière anarchique, des enfants déguenillés et des sentiers escarpés et jamais débroussaillés menant surtout vers les mechtas Redid et Ali Benbrahim donnent l'impression qu'il s'agit d'une scène d'un film retraçant une époque lointaine de l'histoire de l'Algérie. Pour une majorité de visiteurs, Dardora est une région qui déroule son charme jusqu'à l'infini et serait capable d'être érigée en zone touristique. Son paysage pittoresque, ses eaux abondantes et la diversité de sa faune et de sa flore en sont ses atouts majeurs. Idem pour ses potentialités agricoles non encore exploitées à cause du manque des moyens matériels et à un sempiternel « problème de propriété dans l'indivision ». Ces terres sont sinon « capables d'atteindre une production de 40 q jusqu'à 50 q pour un seul hectare », nous a affirmé un sexagénaire de Redid. Les habitants de cette agglomération, frappés depuis des décennies par un chômage endémique, se contentent de la culture de quelques lopins de terre et du petit élevage. Certains parmi eux sont employés comme journalier dans des entreprises du bâtiment, notamment au chef-lieu de la wilaya. Un groupe de jeunes rencontrés à proximité de l'unique épicerie n'a pas mâché ses mots pour exprimer son désespoir. L'un deux nous lance tout de go : « Dardora, c'est la misère. Pas de boulot. L'unique carrière pourvoyeuse de postes d'emploi pour les jeunes est fermée depuis des années. Malgré ses conséquences sur notre santé, nous n'avions jamais rouspété du moment que c'était notre unique lieu d'embauche. » Un autre de renchérir : « Je suis diplômé de la formation professionnelle et je me déplace quotidiennement vers Souk Ahras pour être employé comme manœuvre dans le meilleur des cas. Je rentre souvent bredouille avec l'espoir de repartir tenter ma chance le jour suivant ! » Le manque de moyens de transport est l'autre problème soulevé par les citoyens de Dardora qui se disent « totalement délaissés par leur commune ». Hormis quatre clandestins qui assurent la navette vers et depuis Souk Ahras, aucun autre moyen de transport n'y est visible. Pis, les prix des clandestins sont annoncés à la tête du client, selon l'affluence et l'heure du déplacement. Au-delà de 17 h, une course peut facilement osciller entre 200 et 300 DA. Les gens de Dardora nous ont également raconté quelques anecdotes à propos d'hommes à l'allure impeccable et au verbe facile, promettant monts et merveilles et prêchant les bienfaits des urnes. Cinq ans et rebelote.