Tirant les leçons des expériences précédentes, les patatiers ont pris cette année leurs dispositions en se chargeant eux-mêmes de l'écoulement de leurs produits sur le marché au prix de 25 DA le kilo. Le marché de la pomme de terre sous l'emprise de la spéculation. Comment expliquer qu'en pleine récolte le kilo de pomme de terre se vende à 25 DA ? Qu'est-ce que ça sera quand la récolte sera terminée dans une ou deux semaines au plus ? Le fait n'a rien d'extraordinaire, et le consommateur qui achetait l'année dernière à cette période le kilo à 10 DA et moins sait par quelles affres il était alors passé. Les producteurs, condamnés à voir pourrir leur produit sur place ou l'écouler à un prix dérisoire. L'Etat mettant les pieds dans le plat, ne devait pas arranger les choses. En encourageant les patatiers à confier leur production aux chambres froides qu'il a loué à leur intention a mis ces derniers au bord de l'asphyxie. Beaucoup n'avaient pas trouvé leur compte dans cette opération qu'ils soupçonnaient d'avoir servi les intérêts du consommateur plutôt que les leurs. Le Syrpalac mis en place à cette époque de l'année par le ministère de l'Agriculture devait en fait porter un coup terrible aussi bien aux producteurs qu'aux consommateurs. Non seulement ce système censé réguler le marché en l'alimentant régulièrement grâce aux stocks conservés dans les chambres froides n'a pas joué à fond comme on l'espérait, car les stocks en question ont été épuisés trop tôt, mais en plus, il devait semer la zizanie sur le marché par suite de la spéculation qui s'est développée autour de ce produit agricole pour le porter à des prix prohibitifs. Tirant les leçons des expériences précédentes, les patatiers ont pris cette année leur disposition de manière à éviter les erreurs passées. Conséquence logique de pareilles mesures : en se chargeant eux-mêmes de l'écoulement de leurs produits sur le marché, les patatiers ont porté le prix du kilo à 25 DA. Le rendement cette année est pourtant meilleur, si l'on considère que la production a été épargnée par le mildiou. Aux périmètres irrigués de Aïn Bessem, il a avoisiné les 250 q/h pour une superficie de 250 ha. Hors des terres irriguées à partir du barrage de Oued Lakhal, nos sources nous apprennent qu'il est de 300 q/h pour une surface de 450 ha. Cette différence s'explique selon nos sources par le fait que sur ces surfaces qui ne font pas partie des périmètres irrigués, mais qui sont enclavées toutefois dans les plaines des Arribs, reçoivent de l'eau à volonté des retenues collinaires et ne sont pas par conséquent assujetties au régime des dotations, lequel met à chaque saison un temps fou pour se mettre en place. Ce système se révèle particulièrement handicapant lors la semence d'arrière saison en période de sécheresse, selon nos sources. L'Opibo qui a la gestion de l'eau du barrage et qui se voit attribuer une dotation de l'ordre de 4 hm3 chaque saison, pourrait à l'automne prochain ne recevoir que la moitié, par suite de l'aléa climatique qui sévit de façon défavorable dans la région. Une situation qui pourrait se révéler très préoccupante pour les 250 producteurs et 3 semenciers qu'ils soient des périmètres irrigués ou hors périmètres. Si l'on en croit nos sources, il faut 4500 m3 à l'hectare pour espérer satisfaire aux conditions d'un bon arrosage. Parmi les variétés cultivées sur ces terres, figurent la Tématite, la Sponta, la Désirée, la Favelas, la Bellini, l'Atlas, une variété algérienne, la Safran. L'Opibo qui emploie une trentaine de travailleurs permanents, cède l'eau à 2 DA/m3. Ne recevant d'autre part aucune subvention de l'Etat, aux dires de nos sources, l'office fait face à des difficultés de trésorerie énormes, avec un déficit qui fait le double des recettes.