Malgré les tentatives des forces de l'ordre, qui ont essayé de les disperser, les étudiants de l'Ecole préparatoire polytechnique ont réussi, hier, à marcher de la place Maurice Audin jusqu'au siège du ministère de tutelle. «Le conseiller du ministre nous a promis de régler les problèmes soulevés. Nous suivons les cours au lycée Emir Abdelkader. Nous sommes mal encadrés. De plus, nous sommes coupés de l'administration. On nous a promis des TP au niveau de l'ENTP. Mais jusque-là rien n'a été fait», a déclaré une étudiante en première année, classe préparatoire, qui regrette la démission des enseignants de ces écoles. Un sit-in a été tenu également, hier, par les médecins résidents et internes devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour protester contre le refus de dialogue concernant leurs conditions d'études et de travail. L'attitude des étudiants des écoles nationales ne diffère pas de ceux des fameux pôles d'excellence. L'indignation demeure l'expression commune des étudiants de l'ESI (Ecole supérieure d'informatique), l'ENSA (Ecole nationale supérieure d'agronomie), l'EPAU (Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme), et de l'Ecole nationale polytechnique, qui étaient d'excellents bacheliers.
Grève illimitée Les étudiants de l'ESI (ex-INI) ont décidé d'organiser un rassemblement demain devant le siège du ministère de tutelle afin de remettre une plateforme de revendications aux responsables concernés. Ils sont en grève illimitée depuis lundi pour protester contre cette loi qui, selon eux, dévalue leurs diplômes au profit du système LMD. Lors de la réunion tenue hier au sein de leur école, ils réclament le maintien de leur statut d'ingénieur d'Etat, réfutant ainsi les décisions de ce décret. Ce dernier stipule que le diplôme d'ingénieur d'Etat est équivalent au master 1 du système LMD, alors que les étudiants de l'ex-INI exigent un échelon supérieur à celui du master. «Nous sommes la crème des étudiants de l'Algérie. L'année passée, ils ont exigé 17 de moyenne pour les matières essentielles. Après un cursus ardu, les étudiants se retrouvent avec des diplômes dépréciés. Alors que le système LMD a donné la possibilité aux étudiants des universités qui ont la moyenne du bac inférieure à la nôtre de s'inscrire en doctorat sans passer par le concours», a dénoncé un étudiant qui estime que le système LMD donne l'occasion même aux étudiants qui ont eu le bac avec rachat d'avoir le titre de doctorat. Bien que ce sont les étudiants de l'ESI qui soient initiateurs de cette protestation, les étudiants des autres écoles nationales à l'instar de l'EPAU, l'ENSA et de l'Ecole polythechnique n'ont pas caché leur colère vis-à-vis de ce décret qu'ils qualifient d'«arbitraire». Ils ont manifesté leur intention d'intégrer la grève pour exiger un statut qui convient à leur niveau. «Nous sommes en contact ; nous allons peut-être organiser une action commune. D'autant plus que nous avons les mêmes revendications. Cette loi dévalue les échelons pour tous les diplômés des écoles nationales», a expliqué Karima. Les étudiants de l'Ecole nationale des travaux publics (ENTP), pour leur part, sont en grève depuis hier. D'après un étudiant qui nous a contacté hier, le ministre de l'Enseignement supérieur, qui s'est déplacé hier à l'ENTP, leur a promis de régler ce problème. «M. Harraoubia a déclaré que cette loi n'est pas encore en vigueur, mais les étudiants, qui ne sont pas convaincus, ont demandé un engagement écrit», a assuré Mounir, étudiant à l'ENTP.