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« Je suis prêt à offrir mes tableaux aux musées algériens »
Mahdjoub Ben Bella. Artiste-peintre
Publié dans El Watan le 16 - 08 - 2009

Ses œuvres sont présentes aux quatre coins du monde et il n'arrête pas d'accrocher ses toiles dans les principales métropoles de l'univers, au British Museum et dans les galeries les plus huppées de Montréal, Washington, Londres, Bruxelles et Paris. Sa signature est présente en force dans de prestigieuses collections privées aux Etats-Unis et en Russie, et il est régulièrement présent à travers ses œuvres dans des pays comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suisse, l'Italie, l'Espagne, la Jordanie, le Qatar, le Koweït, l'Egypte, la Tunisie, le Maroc et les principautés des Emirats arabes unis (Abou Dhabi et Dubaï). Auteur de pas moins de 18 000 œuvres, l'enfant de Maghnia, qui a fait ses premières armes à l'Ecole des beaux-arts d'Oran, figure en bonne place dans le dictionnaire des arts modernes et son nom est partout évoqué lorsqu'on établit la liste des artistes les plus en vue de la peinture contemporaine. Ses expositions ne se comptent plus. Proche de Martine Aubry, la maire de Lille et de Pierre Mauroy, l'ancien Premier ministre de France, l'artiste algérien a compté et compte parmi ses amis Paul-Mac Cartney, Edouard Pignon (ami de Picasso), Bernard Lavilliers, Antonio Saura, Télémaque, Combas. Parmi les acquéreurs français de ses œuvres, on compte Dominique De Villepin, Hubert Vedrine, Laurent Fabius, Jacques Delors, ancien commissaire de la communauté européenne. « Il est le peintre auquel on fait référence et appel quand la cité perd ses couleurs », disent de lui les hommes et femmes les plus en vue de Lille, là où il vit.
Avant d'aimer la couleur, vous avez aimé le tricot. C'est quoi cette histoire avec la maille ?
Réponse : quand j'étais enfant, j'aimais voir tricoter, j'absorbais des yeux les gestes nerveux qui donnaient progressivement corps à la chose, je m'émerveillais devant cette chorégraphie précise faite d'entrelacements et d'expertises nées dans l'expérience du geste renouvelé, j'adorais ce fouillis à l'hypergraphie fantastique, ces bouts de tricot qu'on met bout à bout pour en faire sortir une œuvre de couleurs, une œuvre esthétique, une œuvre magique où la calligraphie, mon héritage premier, mon balbutiement initial, est présente de la façon la plus éclatante.
Est-ce cet héritage qui vous a mené à la peinture ?
Absolument ! Toutes mes œuvres sont irriguées par la calligraphie arabo-musulmane, après la lettre vient le mot, après le mot, le sens et après le sens vient l'interprétation. Je suis à la fois le produit d'un héritage et d'une rencontre avec la peinture universelle. A chacun sa mythologie.
Concrètement, comment s'est faite cette rencontre ?
Parti continuer mes études en arts plastiques à Tourcoing en 1965, j'ai fait la connaissance d'un pays, la France, d'une population, les gens du Nord, et d'une école de peinture, celle de mes maîtres du moment. C'est la conjugaison de tous ces éléments qui a fait que Mahjoub Ben Bella existe peu à peu par lui-même, s'autonomise, se personnalise, personnalise une voix, une quête esthétique, extrait de Ben Bella pour faire exister Mahjoub.
Porter un nom comme Ben Bella en 1965 lors du coup d'Etat était-il pour vous lourd à porter ?
J'étais surtout malheureux car mon oncle Si Ahmed m'a intéressé et continue de m'intéresser uniquement en tant qu'homme de culture, de grande culture. Pour être sincère avec vous, je dirais qu'il était lourd à porter ce nom parce que j'étais (je le suis toujours) le neveu de l'homme qu'il fallait abattre. A dire vrai, c'était une guillotine sur la tête. Le nom de Ben Bella n'était pas bon à porter à l'époque, d'autant qu'après mon départ en 1965 pour mes études, ma mère était suivie même quand elle allait acheter un kilo de pomme de terre et cette suspicion me déplaisait énormément.
De l'extrême Ouest algérien, Maghnia où vous êtes né en 1946 à l'extrême nord de la France où vous avez fondé une esthétique personnelle et un foyer chaleureux, parlez-nous de ce grand écart.
Il ne faut pas oublier que dans ce grand écart, j'ai transité par la ville d'Oujda et par toutes les misères liées au déplacement des familles obligées de quitter leur maison durant la guerre de libération, leurs biens, leur proche famille, etc. La misère, les privations multiples et les différentes blessures, je les ai ressenties en silence, moi l'enfant à la pauvreté infinie. Tout cela, je l'ai accumulé avant notre retour en Algérie où, précisément, j'ai opté pour l'Ecole des beaux-arts d'Oran. L'école qui m'a ouvert des horizons insoupçonnés dans l'art de questionner mes souvenirs, mon héritage. L'école qui m'a suggéré d'aller explorer ailleurs. Un ailleurs synonyme de liberté de réalisation de soi qu'il fallait imposer à mes parents car, pour eux, il n'était pas question que je m'éloigne de la ville de Sidi Lahouari. J'ai dû me bagarrer pour qu'ils acceptent de me laisser partir. Toujours à propos de mes premiers pas en peinture, je vous informe que ma première exposition eut lieu à la galerie Monaco le 17 juin, soit deux jours avant le coup d'Etat, chez le galeriste Moussa Mèdiene.
Et puis après Tourcoing ?
Tourcoing, ensuite Paris, là où j'ai continué mes études supérieures à l'Ecole supérieure des arts décoratifs, ensuite à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts, en compagnie de Brigitte, celle qui allait devenir mon épouse en 1969. Mes deux amours durent toujours : Brigitte avec laquelle j'ai eu deux très beaux enfants, Souhir Zohra et Nadjib Ahmed (ce dernier est dans la troupe de Kateb Amazigh) et la peinture qui me fait vivre et par laquelle je respire, j'existe. Je veux tout juste exprimer ici ma profonde gratitude aux gens du Nord qui m'ont accueilli à bras ouverts, m'ont naturellement accepté et très vite aimé. Des gens d'une grande humanité qui m'ont fait apprécier leur compagnie. Dès le premier jour, j'ai été très bien accueilli. Avec le nom que je porte, ils auraient pu se méfier, un nom qui peut leur rappeler de mauvais épisodes, et bien non ! Aucune allusion raciste ni aucune espèce d'animosité. Je reste très attaché à cette région qui m'a adopté dès l'instant où je suis arrivé. Cet amour dure depuis quarante-cinq ans.
Certains critiques d'art et collectionneurs disent que Mahjoub Ben Bella est un écrivain de la peinture. Que leur répondez-vous ?
Je suis à l'aise dans cette dénomination. Je suis calligraphe de par mon lieu de naissance et mon appartenance à une grande civilisation. Et la calligraphie à l'origine est une écriture. A chaque coin de tableau, je revendique ce lien, je revendique mon lieu de naissance, et ma naissance. Pour revenir au tricot de votre question de départ, je dirais que c'est par là que j'ai découvert les secrets de l'écriture, une écriture serrée qui dit le monde que je m'imagine, le monde qui m'interpelle, un monde abstrait qui n'est cependant ni politique ni polémique, il relève du ressenti. Enfin, tout chez moi est prétexte à aller dans le sens de cette rencontre ou, mieux encore, dans cette confrontation où le geste pictural peut s'adosser à d'autres pistes ou, si vous préférez, à d'autres définitions. Je suis un écrivain sur toile. J'ai d'ailleurs des tableaux intitulés « Ecriture peinte » ou encore « Peinture écrite », des tableaux qui se déploient comme dans un rêve, comme dans un livre où les pages sont illimitées, où les pages réunies parviennent à réaliser un mariage heureux entre tous les systèmes de signes.
N'est-ce pas une forme de tag avant l'heure ?
Absolument ? Le tag n'est-il pas à base de la graphie ? N'est-il pas une lecture plastique ? J'ai fait les murs en 1980 et 1981 dans plusieurs villes françaises, j'ai fait même les murs d'un commissariat de police à la demande d'un commissaire de la ville d'Orléans qui m'a demandé de décorer son antre de la sécurité. Je me souviens que c'était un commissaire d'origine « pied-noir ». J'emprunte le texte pour réinventer quelque chose, refaire mon expression esthétique en sauvegardant mon expression personnelle, rêver à des images, des instantanés fixés par la mémoire. Je ne délivre pas de messages, j'en produit des tourbillons, avec une impression, des émotions et plein de souvenirs, des souvenirs d'amulettes que ma mère me mettait autour du cou pour éloigner le mauvais œil, des souvenirs des doigts de ma mère enfoncés dans la pâte avant sa cuisson au four banal. Ce sont ces signes et ces souvenirs qui tracent ma voix, me définissent, situent ma provenance, mes quêtes et mes débats sur terre. Ma peinture est mon excuse pour s'emparer de l'univers. Mon univers que je façonnerai sous mon contrôle, sans contrôle pour une interpénétration voulue avec d'autres expressions ! Cela submerge, cela forme, je l'espère, un ensemble « a-signifiant », un tremplin pour essayer d'aller plus loin, un voisinage expressif, une connivence avec les autres arts. J'essaye de parcourir les murs ou les pavés comme je parcours la toile. La déambulation est aussi bien physique que mentale. Il faut vous dire que dans cette démarche, on travaille beaucoup avec l'inconscient, il y a probablement du pulsionnel.
Aujourd'hui, le nom Mahdjoub s'est-il finalement extrait de Ben Bella pour une autonomie pleine et entière ?
Je pense humblement que oui. Mahdjoub est rentré dans l'histoire de la peinture. Je suis là, j'existe en tant qu'artiste algérien fier de ses origines. Dans ma tête, je suis Algérien jusqu'au bout des ongles. A ce sujet, je suis prêt à offrir gratuitement quelques-uns de mes tableaux aux musées algériens pour peu que le ministère de la Culture se manifeste. Il faut que cela se fasse de manière officielle. Mes œuvres appartiennent à mon pays, l'Algérie. Mon rêve est de créer une fondation à Oran.


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