L'hécatombe continue à Ghazaouet. La RN 98, dite route de la mort, continue de faire des victimes et d'endeuiller des familles. Le tragique accident de la circulation, survenu samedi dernier au lieudit Dar Mahyou, à environ 2 km de Ghazaouet, ayant fait 16 morts dont 6 enfants âgés de 8 mois à 14 ans, a provoqué la révolte de citoyens qui, dans un accès de colère, ont barricadé la route à quelques mètres du lieu du drame. Des pneus ont été brûlés, des troncs d'arbres et des panneaux de signalisation ont été arrachés et disposés en travers de la route. Nul ne pensait que cette action de protestation allait prendre une telle tournure. Aussitôt après, un autre mouvement de masse s'organise au centre-ville. En furie, des jeunes armés de pierres se rassemblent à quelques mètres du commissariat de police. Quelques citoyens d'âge mur tentent de les calmer mais peine perdue. L'esprit chauffé à blanc, les émeutiers passent à l'acte. Une pluie de projectiles s'abat sur les policiers. Ces derniers se réfugient à l'intérieur du commissariat. Déchaînés, les manifestants lancent des projectiles dans tous les sens puis mettent le feu à un camion stationné juste à côté du commissariat. Selon les témoignages recueillis sur place, ce camion serait à l'origine de l'accident mortel survenu la semaine écoulée à l'entrée de la ville. Un policier, extincteur en main, tente de s'approcher du camion pour éteindre le feu mais une pluie de pierres le contraint à rebrousser chemin et renoncer à son acte de bravoure. Emportés par une colère excessive, les émeutiers s'en prennent aux édifices publics. Des pylônes électriques, des candélabres d'éclairage public, des cabines téléphoniques ont été dégradés. Importants dommages Le siège de l'APC a subi un déluge de pierres sur son rez-de-chaussée et au deuxième étage, les vitres ont volé en éclats. Le même sort a été réservé au tribunal pourtant rénové récemment. Un groupe de policiers a tenté, une énième fois, de ramener ces jeunes à la raison mais a dû s'enfuir à toutes jambes lorsque des projectiles fusant de partout ont commencé à pleuvoir sur leurs têtes. Le chef de sûreté de daïra, faisant preuve d'un sang-froid exemplaire, n'a pas réussi non plus à raisonner les manifestants. Le député Mohamed Benhamou nous a confirmé qu'il a failli se faire lyncher alors qu'il essayait de convaincre ces jeunes à renoncer à la violence. Même la mosquée n'a pas été épargnée. Les insurgés ont voulu pénétrer à l'intérieur de la mosquée à la poursuite d'un policier qui s'y était réfugié après avoir lancé une bombe lacrymogène qui a blessé une jeune fille. Vers 18h15, les renforts arrivent. Les policiers plus nombreux parviennent à disperser les émeutiers. Ces derniers se replient et se dirigent vers le quartier « les sables ». Arrivés au niveau du siège de la CNAS, ils défoncent la porte, s'y engouffrent et saccagent tout le mobilier : chaises, bureaux, climatiseurs, matériel informatique, puis jettent le tout dehors pour être ensuite brûlé. C'est au niveau du siège de la CNAS que les plus importants dommages ont été enregistrés. Non loin de là, la foule en furie défonce la porte de l'annexe de l'APC et y met le feu. Le calme est ramené aux alentours de minuit mais, à titre préventif, le dispositif de sécurité déployé pour disperser les manifestants est resté sur place.