Quand l'information fait défaut, le Souk ahrassien se nourrit de rumeurs et transforme ses vœux non exaucés en « faits réels » que des gens propageront au rythme d'une traînée de poudre. Certains ne se limitent guère à accepter la version apportée par tel ou tel flibustier et vont jusqu'à consolider ce que l'on radote dans la rue par des formules du genre : « Je tiens çà d'une personne haut placée » ou un : « Ma source est au-dessus de tout reproche ». Autant de phrases introductives utilisées avant d'annoncer ce que l'on a tendance à faire croire pour satisfaire son ego. Pour bon nombre de citoyens, la daïra de Sédrata sera promue wilaya déléguée dès la prochaine rentrée sociale. Pour d'autres, c'est Taoura, la commune natale de Harraoubia qui jouira de ce nouveau statut. Radio trottoir va jusqu'à expliquer, dans les détails, le nouveau découpage administratif et le lieu d'implantation des nouvelles structures alors que l'officiel n'a pas encore été communiqué. Plusieurs cadres administratifs locaux auraient séjourné, cet été, au frais de la princesse, dans une villa louée de l'autre côté de la frontière par un groupe de promoteurs locaux. Histoire de faire « philanthrope » pour ces « gens intègres » qui triment onze mois pour le pays, diront les mêmes rumeurs. Les jeunes universitaires, fraîchement diplômés, ont bizarrement eu vent d'un recrutement tous azimuts à travers toutes les directions de Souk Ahras. Qui croire ? Les faiseurs de rumeurs ou ces administrations et organismes publics ? Où même l'accès pour une demande de renseignement bute, par cette saison de congés, à un niet catégorique de la part du gardien du portail. Avec une série d'échecs socioprofessionnels un curriculum vitae plutôt svelte, un élu serait pressenti diplomate, si l'on se fie à certains échos.La wilaya, toujours en mal d'ambassadeurs, offre, ainsi, le meilleur au pays. Les mêmes spéculateurs parlent d'une liste pré-établie, une liste d'employés moyens avec comme critère principal un diplôme « ès complots et coups bas »proposés à des postes supérieurs. A Souk Ahras, l'on continue à gloser, également, sur le sort de quelques cadres inamovibles et de certains magistrats qui entament confortablement leur dixième année au même poste. Partira, partira pas ? C'est là toute l'histoire d'une wilaya gérée à distance. Le scandale des versements de sommes faramineuses au profit d'entités fictives, traité récemment par les enquêteurs du troisième arrondissement de la sûreté urbaine et où se trouvent impliqués des abonnés aux affaires de détournements de deniers publics, ne cesse de susciter l'intérêt des citoyens mais aussi « des affabulations » et « les informations infondées », pour répéter les dires de ceux qui aimeraient les réfuter. Qui oserait les fonder ? Se demandent certains curieux au risque de subir, eux-mêmes, les foudres du contre-pouvoir et, bien sûr, la machine des contre-rumeurs qui peut aller jusqu'à fouiner dans les archives et antécédents judiciaires pour dissuader les auteurs de ces « affabulations » indésirables. Des situations générées par ces rumeurs oscillent entre le dramatique et le burlesque. Un employé de la fonction publique qui a fait circuler une « information de source sûre », faisant état d'une imminente révision à la hausse d'une prime, a fini par croire sa propre rumeur après que cette dernière eut fait le tour des employés de la direction. Il s'en est même pris au service comptable puisque l'augmentation qui n'a eu lieu que dans son imagination a été étoffée par « …payable le mois de juillet ».