Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a annoncé, hier, qu'il soumettrait au Parlement pour approbation un nouveau gouvernement comptant au moins trois femmes, une première dans l'histoire de la République islamique. Mais il a aussi clairement laissé entendre qu'il ne se plierait pas à la demande de son camp conservateur d'ouvrir son gouvernement à des personnes expérimentées. Interrogé à la télévision, M. Ahmadinejad a dit qu'il présenterait mercredi au Parlement « Madame (Fatemeh) Adjorlou pour le ministère de la Protection et des affaires sociales et Madame (Marzieh Vahid) Dastjerdi pour le ministère de la Santé ». Il a ajouté qu'« au moins une femme supplémentaire sera présentée ». Si elles reçoivent un vote de confiance du Parlement, ce serait la première fois qu'une femme devient ministre depuis l'avènement de la République islamique en 1979. Une bonne partie du camp conservateur avait appelé le Président à consulter le Parlement avant de lui présenter son gouvernement à la suite de sa réélection controversée du 12 juin qui a entraîné des manifestations massives de l'opposition réformatrice et modérée. M. Ahmadinejad s'y est refusé et a nommé dimanche ses candidats à plusieurs postes de premier plan. Il entend présenter notamment Heydar Moslehi comme ministre des Renseignements, après avoir obtenu le renvoi, début août, de Gholam Hossein Mohsen Ejeie de ce poste. M. Moslehi, qui était représentant du guide suprême Ali Khamenei au sein de la milice islamique du bassidj, est réputé soutenir pleinement M. Ahmadinejad. Le président a aussi décidé de maintenir le ministre de l'Industrie, Ali Akbar Mehrabian, et celui de l'Economie, Shamseddine Hosseini. Une telle décision représente un défi aux conservateurs qui demandaient que M. Ahmadinejad présente des candidats expérimentés aux postes clefs. Le président avait notamment eu du mal à obtenir un vote de confiance pour M. Mehrabian, qui était jugé peu qualifié pour le poste de ministre de l'Industrie. Après avoir prêté serment le 5 août devant le Parlement pour un deuxième mandat de quatre ans, il avait affirmé que le nombre de jeunes ministres dans son prochain cabinet serait « sans précédent ». Quelque 202 députés iraniens, sur un total de 290, lui avaient répondu par lettre de choisir des ministres « capables », « révolutionnaires » et « expérimentés ». Mme Adjorlou est députée et a été impliquée dans une affaire en 2008 dans laquelle un allié du Président avait fait des révélations sur de possibles délits de figures conservatrices opposées à M. Ahmadinejad. Mme Dastjerdi est médecin et professeur d'université. M. Ahmadinejad n'a pas indiqué quels seraient ses candidats aux autres postes du gouvernement. Chaque ministre doit recevoir un vote de confiance d'une majorité simple de députés. Mais le Président a fait référence aux troubles qui ont suivi sa réélection, obtenue par le biais d'une fraude massive selon ses adversaires. Il a évoqué un cabinet « conçu... en fonction de l'ère nouvelle qui a suivi l'élection présidentielle ». De nombreux conservateurs l'ont engagé à élargir son gouvernement en tenant plus compte de la compétence des candidats que de leur fidélité à sa personne. Mais M. Ahmadinejad a paru peu enclin, dimanche, à suivre ce conseil. Il a expliqué que les critères de son choix seraient « la moralité et l'engagement (des candidats), leur efficacité, ainsi que la convergence et l'esprit de coopération » que les membres du futur gouvernement devraient montrer. Des ministres limogés par le Président lors de son premier mandat, comme celui de l'Intérieur, Mostafa Pour Mohammadi, ou de l'Economie, Davoud Danesh Jaffari, avaient accusé ensuite M. Ahmadinejad de ne pas supporter la critique.