La Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) produira, à l'horizon 2010, ses propres médicaments, et ce, en partenariat avec un laboratoire pharmaceutique palestinien. Le protocole d'accord a été signé hier entre la PCH et le Jerusalem Pharmaceutics El Qods. L'unité de production, qui est en cours d'installation dans l'une des ailes du siège de la PCH, produira, dans un premier temps, des antibiotiques de dernière génération, tels les céphalosporines, l'une des formes thérapeutiques les plus consommées et qui plombent la facture d'importation médicale. Ces génériques, qui coûtent parfois plus de 3000 DA lorsqu'ils sont estampillés du sceau des grands laboratoires internationaux, vaudront 70% à 80% moins cher, affirme le directeur général de la PCH, le docteur Mansouri Mohamed. Par la suite, une fois l'unité effective, le consortium s'attellera à la production d'injectables cancérologiques, ainsi qu'au conditionnement des médicaments sous une forme hospitalière, avec de plus grandes plaquettes, des « blisters ». De même, la PCH produira du gaz médical à usage hospitalier, « toujours en 2010 », prévoit Dr Mansouri. En attendant cette production et afin de pallier aux besoins des centres hospitaliers publics ou privés et de faire face à toute pénurie, 1200 t de bonbonnes de gaz médical ont été importées de Belgique, à raison de 15 000 DA l'unité de 37 kg. « Ce qui représente une couverture de deux années, mais qui revient très cher », concèdent les différents responsables de la PCH. Raison pour laquelle cette dernière projette, d'ici au mois d'octobre, de procéder elle-même à l'enfûtage de ces bonbonnes en achetant des citernes de gaz, et ce, à un coût moindre. Afin de réduire la facture d'importation en médicaments et autres produits pharmaceutiques, un nouveau cahier des charges a été établi, qui exige de la PCH de favoriser la production locale en privilégiant « expressément » le recours aux laboratoires nationaux. « C'est d'ailleurs pour cela que nous n'avons pas commandé de Tamivir aux firmes étrangères, mais avons opté pour les produits de Saidal, dont le Saiflu, d'autant plus que la boîte fabriquée localement coûte 9 euros, tandis que l'importée nous a été proposée à 12 euros, parfois plus », explique Dr Mansouri. Un million d'unités sont d'ores et déjà prêtes et seront livrées « dans quelques semaines », en sus des deux millions d'unités du médicament sous sa forme pédiatrique. « Toutes les dispositions ont donc été prises. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de pénurie de produits, contrairement à ce qui est régulièrement affirmé », rassure Dr Mansouri. « Notre projet d'unité de production a suscité moult jalousies au sein de nos désormais concurrents, qui n'hésitent pas à tenter de nous nuire et de nous discréditer par tous les moyens », analyse quant à lui le docteur Nacer Grim, chargé de la sécurité et de la qualité au sein de la PCH. Pourtant, de nombreux citoyens ont souvent fait face à l'hôpital, dans des cliniques et même en officine, à la non-disponibilité de tel ou tel médicament. « Ce sont les médecins algériens qui n'actualisent pas leurs connaissances et prescrivent des produits qui ont été bannis de la nomenclature mondiale. D'où la nécessité et l'urgence sanitaire pour l'Algérie, par le biais de l'Agence nationale du médicament, de procéder au plus vite à l'actualisation et à la mise à jour de la nomenclature des médicaments algériens », explique simplement le Dr Grim. Lui ainsi que les autres responsables, qui se sont exprimés, omettent toutefois de dire que sur les centaines de médicaments présents sur cette liste, certains, en plus d'être potentiellement, voire carrément dangereux pour la santé des consommateurs, contribuent à l'augmentation de la facture d'importation. Pour rien, serait-on tenté de dire. Le gouvernement, qui semble avoir fait de la réduction des importations et de l'assainissement du marché algérien un leitmotiv, devrait peut-être entamer cette purge, vitale pour les citoyens.