“Certains laboratoires créent de fausses ruptures de médicaments, exercent une pression et poussent les malades algériens à consommer leurs produits. Pis, ces médicaments ne répondent pas aux besoins réels du marché national”. C'est du moins ce qu'a déclaré hier le professeur Mansouri Mohamed, le directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) au cours d'une conférence de presse qu'il a animée à l'hôtel Mercure. Interrogé sur les raisons qui motivent ces laboratoires à provoquer des pénuries, M. Mansouri expliquera qu'“ils ont des prévisions de vente de médicaments sur le marché algérien et donc, ils provoquent des paniques et la désinformation concernant la disponibilité des produits”. “Ce sont des charognards qui créent des tensions sur des produits anticancéreux sans aucune moralité. Nous les avons identifiés. Je ne les citerai pas pour le moment, mais s'ils continuent dans leur attitude, je révélerai leur identité”, expliquera encore M. Mansouri et de préciser : “Ces laboratoires qui disposent de princeps utilisent malheureusement des relais locaux pour leur désinformation.” Relancé encore une fois à propos des raisons qui poussent certains laboratoires à provoquer de telles situations, notre interlocuteur dira que “le marché algérien est très important, il vaut quatre fois le marché marocain, ce qui fait que c'est un terrain favorable pour les charognards qui utilisent tous les moyens pour vendre plus”. “Ils veulent faire de l'Algérie un terrain délaissé”, dit-il avant de noter sur un ton grave : “Nous avons les mains libres pour répondre à la demande de nos hôpitaux, nous avons actuellement 1 400 milliards de stock en médicaments. Cette quantité suffira jusqu'en 2010 avec une disponibilité de toutes les molécules médicamenteuses”. “Nous n'allons pas dilapider nos deniers publics pour remplir les poches de certains laboratoires”, dit-il encore avant de lancer un appel : “Nous disons à leurs relais d'arrêter de faire paniquer la population.” Interrogé sur les éventuelles ruptures de médicaments, l'intervenant expliquera qu'il “s'agit plutôt de pression sur des médicaments. Parfois, ces situations sont liées aux produits eux-mêmes : les laboratoires délocalisent. Certains n'honorent pas leurs engagements alors que d'autres ont carrément arrêté leur production”. “Mais malgré cela, il y a toute une équipe à la PCH qui veille chaque jour sur l'ensemble du territoire national à rendre disponibles toutes les molécules médicamenteuses”, dit-il en ajoutant que “nous avons reçu des instructions des pouvoirs publics pour permettre aux malades les plus isolés d'accéder aux médicaments”. PCH, partenaire d'El-Qods pour produire des antibiotiques Interrogé sur les médicaments anticancéreux qui connaissent parfois des ruptures, M. Mansouri dira que “40%, c'est la proportion des importations, concernent les produits anticancéreux, ce qui représente 50% de la trésorerie de la Pharmacie centrale. Les tout nouveaux produits contre le cancer, utilisés même aux USA, sont importés par la PCH au profit des cancéreux algériens. Même les maladies orphelines, c'est-à-dire rares, bénéficient de l'attention de la PCH à travers des importations”. Aussi dans le but de favoriser la production nationale, l'intervenant dira que la PCH achètera le Saiflu auprès de Saidal à 9 euros la boîte au lieu de 12 euros auprès d'un autre laboratoire. Sur un autre registre, le professeur Mansouri a annoncé que la PCH passera à la production début 2010. “Il s'agira de produire à Oued Smar des antibiotiques de troisième génération en partenariat avec le laboratoire palestinien d'El-Qods, à l'image des céphalosporines qui sont des produits très chers à l'importation”. Interrogé sur les raisons qui ont présidé à la synthèse des céphalosporines plutôt que d'autres médicaments, M. Mansouri dira que “notre choix est stratégique en raison de notre volonté de réduire les importations d'antibiotiques chers. On ne produit pas que des molécules et des produits rentables, en tant qu'institution de l'Etat algérien, on s'inscrit dans le programme gouvernemental où nous devons répondre aux problèmes de santé publique, autrement dit de l'autonomie de la production nationale, de la diminution des importations et ce, pour pouvoir répondre aux besoins de la population”. NADIA MELLAL B.