Son démarrage officiel devrait intervenir à tout moment, il suffira juste aux autorités algériennes et espagnoles de fixer la date sur le plan protocolaire, avec la probabilité que ça soit au mois de mars prochain, selon des informations en provenance de la partie espagnole. Selon une source d'Enagas, la société qui gère les réseaux de gazoducs en Espagne, un accord aurait été conclu avec le consortium Medgaz pour envoyer le gaz à la mi-février, afin de tester les installations du terminal arrivée d'Almeria en Espagne. Les tests devraient durer jusqu'à la fin du mois de mars. Medgaz doit être connecté au gazoduc Almeria-Albacete, d'une longueur de 300 km. Alors qu'une première date de mise en service avait été arrêtée au mois de novembre 2010, il semblerait que l'inauguration officielle ait été reportée pour des raisons de calendrier protocolaire et aussi à des demandes formulées par la partie espagnole portant sur de nouveaux essais de sécurisation. Le gazoduc devait être inauguré vers le 22 novembre par les dirigeants des deux pays. Le gazoduc était déjà prêt à fournir du gaz naturel vers le terminal arrivée d'Almeria dès le mois de novembre, période durant laquelle le gaz a été libéré pour le terminal arrivée de Beni Saf. La baisse de plus de 10% de la demande en gaz de l'Espagne, due à la crise économique de 2008-2009 et qui s'est poursuivie en 2010, a été un facteur important dans le retard. Le terminal arrivée de Beni Saf est une infrastructure appartenant à Sonatrach. Il est mitoyen avec la station de compression qui appartient au consortium Medgaz, dont Sonatrach détient 36%. Dans le jargon technique, les ingénieurs expliquent la situation par le fait que le terminal est «sous gaz», c'est-à-dire qu'il suffit de recevoir le feu vert pour ouvrir la vanne et délivrer le gaz à la station de compression du consortium. Arrivé à la station de compression, le gaz est ensuite traité et dirigé vers l'Espagne par le gazoduc sous-marin. La pression passe de 45 à 200 bars Selon les ingénieurs de Sonatrach rencontrés sur les lieux, la pression doit passer d'environ 45 bars à partir du terminal à 200 bars pour pouvoir traverser la Méditerranée à partir du gazoduc sous-marin. Une pression nécessaire au gaz dans le pipeline d'une longueur de 210 km et à environ plus de 2160 m de profondeur. Il pourra ainsi s'écouler à une vitesse de 30m/s dans le pipeline pour pouvoir arriver de l'autre côté de la Méditerranée au terminal de la ville d'Almeria. Ce sont les installations de la station de compression qui permettront cette transformation à travers les turbocompresseurs installés. «On nous a demandé de nous tenir prêts», nous a confié Miloud Beddad, responsable de la station de compression de Beni Saf (qui appartient au consortium Medgaz) et de l'exploitation de Medgaz. Et d'ajouter, comme réponse à la question de savoir quelle est la date fixée pour l'ouverture de la vanne, «c'est imminent !» Par contre, la vanne qui délivre le gaz à la station de compression, à partir du terminal arrivée, a déjà été ouverte en novembre dernier pour les essais techniques des installations de la station, notamment pour la compression du gaz. «Tous les essais techniques nécessaires à la mise en gaz du gazoduc ont été terminés et le gazoduc est actuellement en stand-by. Sa mise en service est imminente», selon le directeur régional ouest de l'activité transport par canalisation de Sonatrach, Mohamed Taïeb Cherif. La station de compression doit être prête pour délivrer le gaz naturel à tout moment. Le terminal arrivée du gaz est déjà prêt pour l'ouverture des vannes. L'autorisation de mise en gaz a été délivrée au mois d'avril 2010, nous apprend Mohamed Taïeb Cherif. Même les éléments des services des douanes, qui sont chargés de comptabiliser les quantités exportées, sont présents. En fait, ils sont sur le site depuis le mois de juin 2010 et leur rôle consiste à établir la déclaration douanière pour l'exportation des quantités de gaz et établir aussi les PV de ventes. Le calcul est journalier et l'équipe se compose de huit éléments qui se relaient au niveau du terminal de Sonatrach. Les services des Douanes sont déjà présents Medgaz est composé de trois structures, la station de compression de Beni Saf, le gazoduc sous-marin qui relie Beni Saf à la ville d'Almeria en Espagne, et le terminal arrivée situé à Almeria. Son coût serait d'un milliard d'euros environ, selon la Banque européenne d'investissement. Le gaz naturel est acheminé depuis le gisement de Hassi R'mel à Beni Saf par le gazoduc situé sur le territoire national appelé GZ4, dont la construction a été programmée pour les besoins de Medgaz. Le GZ4 de 48 pouces de diamètre, qui traverse 6 wilayas (Laghouat, Tiaret, Relizane, Mascara, Oran et Aïn Témouchent) sur une longueur de 638 km, dispose d'une capacité de transport de 11,4 milliards de mètres cubes, dont 8 seront destinés au Medgaz. Sa réalisation aurait coûté 28 milliards de dinars et 148 millions d'euros, selon Mohamed Taïeb Chérif. Il dispose de deux bretelles qui alimentent la centrale électrique de Hadjret Enouss dans la wilaya de Tipasa et la centrale électrique de Terga dans la wilaya de Aïn Témouchent. Il doit aussi alimenter les postes de distribution publique de Sonelgaz pour la population. La station de compression, proprement dite, sert à filtrer le gaz grâce à une unité de filtrage, à compresser le gaz grâce à des turbocompresseurs et compter les volumes exportés grâce à une unité de comptage. Le tout est alimenté par deux turbogénérateurs. La vanne est fermée encore et scellée grâce à un cadenas dont les clés sont détenus par le responsable de la station qui dépend du consortium et du représentant des douanes algériennes. Elle ne peut être ouverte qu'en présence des représentants des douanes, nous ont-ils expliqué. Le pipeline qui sort de la station est prolongé sous terre par une partie qui va jusqu'à la plage située dans la localité de Sidi Djelloul, pour rejoindre les profondeurs de la mer. Un autre pipe a été réalisé dans la perspective du doublage du gazoduc sous-marin et qui devrait porter les capacités d'exportation de 8 à 16 milliards de mètres cubes par an. Le jour où le consortium décidera de doubler les capacités, il suffira de poser un pipe sous-marin. Même les équipements de la station de compression sont conçus pour l'augmentation des capacités. Sur la plage, mis à part deux bornes qui indiquent le lieu de passage du gazoduc sous terre, rien n'indique sa présence. La plage a été restaurée à la fin des travaux, et selon les ingénieurs de Sonatrach, elle a retrouvé sa situation antérieure et les gens viennent se baigner comme avant. Il faut dire que le pipe est enfoui et il a été construit avec de l'acier au carbone à haute résistance. Il est revêtu de trois couches de polypropylène lui permettant de résister à la corrosion. Pour la partie située dans les eaux moins profondes, elle est recouverte d'une couche de béton qui doit protéger le gazoduc des courants marins. Medgaz : une histoire qui date des années 1970 Medgaz est un consortium international dont les actionnaires sont la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach avec 36%, les compagnies espagnoles Cepsa avec 20%, Iberdrola avec 20%, Endesa avec 12% et le groupe français Gaz De France-Suez avec 12%. L'idée de construire un gazoduc qui relierait directement l'Algérie à l'Espagne a commencé dans les années 1970. Les premières études qui portaient sur la viabilité d'une liaison sous-marine ont été faites à la fin des années 1970 par la société Segamo. Les études avaient identifié un corridor Beni Saf (côtes algériennes)-Almeria (Espagne), long de 200 km, large de 2 à 3 km avec une profondeur maximum de 2160 m. Mais la faisabilité n'était pas évidente à l'époque à cause de la profondeur des eaux. Sur le plan technologique, on considérait qu'aucun bateau n'était apte à la pose de gazoducs dans des eaux aussi profondes. La Segamo a entrepris des études sismiques, des analyses géologiques, des inspections visuelles du fond sous-marin et des études océanographiques. Entre-temps, un gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc a été réalisé de 1994 à 1996. Le gazoduc Maghreb-Europe, appelé au début GME et baptisé ensuite «Pedro Duran Farrell» traverse le Détroit de Gibraltar sur une profondeur de 300 m. A la fin des années 1990, les progrès technologiques accomplis ont permis d'envisager un gazoduc d'un diamètre de 24'' (24 pouces). Le projet devenait techniquement réalisable et économiquement attractif. Au mois d'août 2000, Sonatrach et la compagnie espagnole Cepsa signent un protocole d'accord pour relancer le projet. En février 2001, les deux compagnies créent la «Sociedad para el Estudio y Promoción del Gasoducto Argelia-Europa, vía España S.A», appelée aussi Medgaz. Plusieurs compagnies internationales ont rejoint la société. Le gazoduc a été conçu pour approvisionner le marché européen et répondre à une demande sans cesse croissante sur le vieux Continent. Deux facteurs ont contribué à son succès : la propreté du gaz comme énergie et un prix plus compétitif pour le consommateur. Il a été considéré comme stratégique aussi bien par l'Espagne que par l'Europe dans la mesure où il doit contribuer à améliorer la sécurité d'approvisionnement en reliant directement le marché européen à la source d'approvisionnement, en plus des avantages par rapport aux objectifs du Protocole de Kyoto. La construction du gazoduc dans sa partie sous-marine a démarré durant le premier trimestre 2008. Le commissioning a eu lieu à la fin de l'année 2009 et le démarrage était déjà programmé au début de l'année 2010. La chute très importante de la demande en gaz naturel de l'Espagne dès la fin de l'année 2008 à cause de la crise économique a, semble-t-il, ralenti le projet. Medgaz avait atteint en novembre 2009 le taux de 97% de progrès global du projet. La capacité initiale est de 8 milliards de mètres cubes par an, extensible à 16 dans une prochaine étape. La longueur dans la partie sous- marine est de 210 km et la profondeur maximale est de 2160 m. Près de 2000 personnes ont été employées- durant la phase de construction.