Des dizaines de citoyens du village Azzouza, de la commune de Chaâbet El Ameur, à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès, ont fermé le siège de la daïra des Issers dans la matinée d'hier en signe de protestation contre la pénurie d'eau potable qui frappe leur localité depuis plus de deux mois. Les manifestants munis de banderoles sur lesquelles on pouvait lire des slogans ayant trait à leurs revendications, réclament une solution durable et définitive à cette pénurie. Selon les protestataires, l'eau n'a pas coulé dans leurs robinets depuis deux mois. « Nous vivons le calvaire à chaque été, mais les responsables n'ont fait aucun effort pour trouver une solution durable au problème. Ils donnent des promesses sans lendemains », crie un protestataire rencontré sur les lieux. Et en cette période de canicule, ce précieux liquide se fait de plus en plus rare dans toute la commune. Le problème a été à l'origine de plusieurs mouvements de protestation devant les sièges de l'APC et de la daïra. Hier, les protestataires ont dénoncé l'immobilisme des autorités locales quant à la résolution de cet épineux problème. Selon eux, ce village et celui de Aït Saïd, sont les seuls dans la commune de Chaâbet El Ameur qui sont alimentés depuis la chaîne de distribution AEP de Naciria-Timezrit. Cette chaîne de plus de 50 km alimente plus de quatre localités de l'est de la wilaya de Boumerdès telles Chaâbet El Ameur, Timezrit et Naciria. « Les autorités expliquent cette pénurie par la multiplication du piquage illicite de cette chaîne, notamment dans les endroits isolés ou au niveau des terres agricoles », lance un protestataire. Et d'ajouter : « Notre protestation est notre seul recours pour faire entendre notre voix ». Une délégation des villageois a été reçue par un responsable de la wilaya afin de dégager une solution. Les responsables leur ont promis qu'un programme de distribution sera établi pour assurer une bonne distribution de l'eau pour toute la région notamment pendant le mois du Ramadhan. Quant aux piquages illicites, un délégué dira : « Une commission sera créée pour lutter contre ce genre de dépassements. » Par ailleurs, il est à noter que tous les villages composant la localité sont durement touchés par la pénurie d'eau potable. « L'été est synonyme de cauchemar et de calvaire, car au lieu d'aller passer nos vacances, nous sommes contraints d'aller chercher de l'eau à n'importe quel prix », dira un villageois de Aït Ibrahim, un village qui n'est pas encore raccordé au réseau AEP. « Les autorités locales nous ont promis en 2007 la construction d'un château d'eau au niveau du village, mais à ce jour, nous n'avons rien vu venir », se plaint-on. Aussi, les villageois recourent-ils aux citernes qu'ils achètent à 1200 DA/unité. Cette commune est alimentée par trois chaînes. La première, gérée par l'ADE, est connue sous le nom « la chaîne de Kaf Lâagab » qui provient des montagnes de Naciria et approvisionne les villages Aït Saïd et Azzouza. Les deux autres chaînes, gérées par l'APC de Chaâbet El Ameur, proviennent de Oued Djenane. Les fontaines et les sources qui y existent sont dans la plupart à sec depuis déjà des mois, tandis que d'autres constituent un risque de contamination et de maladies à transmission hydrique (MTH) à l'image de celle qui se trouve à Aït Saïd, dont l'eau, selon un document des services d'hygiène, est de mauvaise qualité. « Un projet d'aménagement de la source est inscrit, mais n'est pas encore fait », nous confie un délégué du village. Interrogé, le P/APC dira : « Le projet sera lancé dès l'achèvement des formalités administratives. » Mais les habitants sont las des promesses sans lendemains. Ils ont d'ailleurs manifesté leur colère à maintes reprises devant l'APC et la daïra.