La Fédération algérienne de football (FAF) va «piloter une vaste opération de rachat des clubs professionnels par des entreprises nationales publiques et privées». C'est ce que nous apprenons à la lecture d'un courrier ayant pour objet «ouverture de capital», adressé tout récemment à l'ensemble des clubs des deux Ligues professionnelles (1 et 2). «Face aux difficultés financières auxquelles sont confrontés les clubs des Ligues 1 et 2 et qui risquent de mettre en péril l'avenir même du football professionnel dans notre pays, la Fédération algérienne de football (FAF), dans le souci d'assurer la pérennité des clubs professionnels, est disposée à piloter une vaste opération de prise en main des clubs professionnels par des entreprises nationales publiques et privées», lit-on dans cette lettre dont nous détenons une copie. «Le football étant porteur de valeurs collectives, les objectifs qui lui sont assignés doivent être à la mesure de son rôle social qui met en avant la valorisation de l'effort, l'esprit d'équipe et le respect de l'adversaire et des règles. A cet effet, la seule voie susceptible de pérenniser l'existence des clubs professionnels est l'ouverture du capital social aux investisseurs publics et privés afin de pouvoir répondre aux exigences du vrai professionnalisme», ajoute-t-on encore. Il faut dire que la quasi-totalité des clubs dits professionnels évoluent au rythme d'une crise financière sans fin. Selon des informations, 19 clubs, sur les 32 composant les deux ligues, sont sous le coup d'une interdiction de recrutement durant ce mercato hivernal en raison de leurs dettes. L'instance fédérale sait pertinemment que la situation ne peut pas continuer ainsi. La majorité de ces clubs dits «pros» n'arrivent à survivre que suite à l'intervention des autorités locales (wilayas) qui, de temps à autre, leur débloquent des budgets. Ainsi, les clubs qui sont intéressés par cette initiative (ouverture de capital) doivent adresser à la FAF trois documents, à savoir «une lettre de manifestation d'intérêt de la wilaya, une lettre de manifestation d'intérêt du Conseil d'administration de la SSPA avec un PV de réunion et une résolution signée par tous les actionnaires et finalement une lettre de manifestation d'intérêt du CSA avec le PV de l'assemblée générale extraordinaire adoptant une résolution pour l'ouverture du capital et une autre pour libérer au moins 67% du capital afin de donner la majorité au futur actionnaire». Une manière pour la FAF de parer à une éventuelle contestation d'une quelconque partie que ce soit. Il faut rappeler que depuis le lancement du professionnalisme en Algérie, en 2010, très peu de clubs ont concrètement ouvert leur capital au début du processus de professionnalisation. Le premier a bien évidemment été l'USM Alger, dont l'actionnaire majoritaire est devenu l'ETRHB d'Ali Haddad. Il y a eu par la suite les clubs repris par la Sonatrach et quelques-unes de ses filiales (MC Alger, JS Saoura, CS Constantine). Ce n'est que tout récemment qu'un club (CR Belouizdad) a décidé d'ouvrir son capital pour laisser entrer Madar (ex-SNTA). Pour le reste, les dirigeants des clubs font tout pour bloquer l'ouverture du capital, question de rester seuls aux commandes quitte à faire sombrer leurs équipes dans des crises inextricables. La FAF va-t-elle réussir à changer les choses cette fois-ci ? Rien n'est évident. Durant les années précédentes, les anciens responsables de l'instance fédérale et de la ligue ont, à maintes reprises, «sommé» les clubs d'ouvrir leur capital afin de permettre l'arrivée d'investisseurs, mais en vain. Sauf qu'aujourd'hui, les situations financières des clubs se sont aggravées au point où nombre de dirigeants n'arrivent plus à assurer deux salaires de suite. «Affecter» des clubs à des entreprises, étatiques principalement parce qu'il n'est pas sûr que les sociétés privées puissent être intéressées, semble une solution «inespérée» pour les responsables ayant en charge le football national. Pour peu que les dirigeants de club jouent le jeu…