Dépassant à peine les 700 millions de dollars actuellement, les recettes des exportations hors hydrocarbures en Algérie restent largement en deçà des potentialités qu'offre le marché national. Des potentialités que les exportateurs algériens, réunis hier à l'hôtel Mercure à l'occasion d'une journée d'information sur le « Développement de stratégies à l'exportation », estiment être de l'ordre de 3 milliards de dollars. C'est le secteur de l'agroalimentaire qui recèle le plus de potentialités à l'exportation, notent les exportateurs. Les produits issus de ce secteur ne représentent actuellement que « 5 à 6% du total des exportations hors hydrocarbures », souligne M. Yalaoui, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), organisatrice de la journée d'information en collaboration avec la Société financière internationale (SFI). Du côté des pouvoirs publics et des opérateurs économiques, la faiblesse de nos exportations hors hydrocarbures est appréciée différemment. La carence pour Sid-Ali Lebib, directeur général des Douanes, réside surtout dans l'absence d'une véritable stratégie d'exportation dans nos entreprises. « Nos usines et nos entreprises ont-elles réellement une stratégie d'exportation ou du moins des services qui développent l'exportation ? », s'interroge-t-il. Pour M. Yalaoui, il est beaucoup plus juste de s'interroger plutôt sur « l'existence d'une stratégie nationale de l'exportation hors hydrocarbures avant de la chercher auprès des entreprises ». C'est à l'Etat, ajoute-t-il, d'« élaborer une stratégie et de réunir les conditions adéquates pour favoriser ce genre d'exportation ». Difficultés Les conditions actuelles dans lesquelles évoluent les quelques exportateurs algériens ne sont pas, fait remarquer le président de l'Anexal, « à même de favoriser l'acte d'exporter ». Ces opérateurs font face, dans le cadre de leurs missions, indique-t-il, à de nombreuses difficultés, notamment dans le domaine de la logistique (transport, espaces intermédiaires...). « Si ailleurs les frais d'exportation peuvent atteindre 8%, en Algérie ils sont de l'ordre de 20% sans compter la prime d'assurance de 3% sur la valeur de la marchandise. C'est énorme comme frais », souligne l'exportateur, qui assimile le fait d'exporter en Algérie à un acte d'« héroïsme ». A propos de l'impact de la baisse des tarifs douaniers, dont le démantèlement est prévu dès la ratification de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE), le ministre de l'Industrie, El Hachemi Djaâboub, rencontré en marge de la journée d'information, s'est voulu rassurant. Cette baisse, selon lui, « permettra à plusieurs segments de l'industrie algérienne d'exporter leurs produits, à l'instar notamment du secteur de l'agroalimentaire ». Elle incitera également, ajoute le ministre, « les investisseurs étrangers à venir s'installer ici (le marché national) en délocalisant leurs entreprises ». La baisse des tarifs douaniers, bien que très bénéfique pour les quelques exportateurs en activité actuellement, représente, en revanche, « une véritable menace pour les exportateurs algériens qui viendront par la suite », avertit M. Yalaoui en ce sens que les nouveaux exportateurs ne pourront jamais rivaliser avec les exportateurs européens, mieux préparés et très bien outillés.