L'objectif officiel d'exporter pour 2 milliards de dollars hors hydrocarbures est loin d'être atteint. Comment optimiser les exportations hors hydrocarbures et quelle politique de soutien et d'incitation que les pouvoirs publics devraient mettre en place ? Les entreprises algériennes sont-elles suffisamment outillées pour conquérir des marchés extérieurs ? Peut-on promouvoir les exportations hors hydrocarbures sans stratégie globale de développement ? Ce sont autant de questions soulevées lors d'un séminaire sur “le développement de stratégies à l'exportation” organisé hier à l'hôtel Mercure par l'Association nationale des exportateurs algériens et la Société financière internationale filiale de la Banque mondiale. Les hydrocarbures représentent aujourd'hui plus de 95% à 98% du total des exportations et des recettes extérieures plaçant l'économie algérienne dans une situation d'extrême vulnérabilité. D'où la nécessité de promouvoir les exportations hors hydrocarbures. Gouvernement et entreprises semblent être sur la même longueur d'onde du moins sur le plan des objectifs. Sur le terrain, les exportateurs évoquent des obstacles administratifs qui font que, aujourd'hui, exporter relève de l'exploit ; pourtant en matière d'offres, les potentialités à l'export existent et elles sont nombreuses. M. Idriss Yalaoui, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) parle d'un potentiel estimé à 3 milliards de dollars. Pour rappel, le gouvernement avait déjà évoqué en 1998 l'objectif de 2 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures à réaliser à l'horizon 2000. Nous sommes en 2005, ce montant n'a jamais été réalisé. En matière d'exportations hors hydrocarbures, l'année 2004 pourrait être considérée comme une année exceptionnelle. Le niveau est de 762 millions de dollars, en augmentation de 20%. Sur ce montant, les produits pétrochimiques dominent, affirme-t-on. Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens explique cette faiblesse par les nombreuses contraintes qui entravent les entreprises exportatrices. Diagnostiqués en collaboration avec la SFI, le bras financier de la Banque mondiale, ces obstacles ont trait à la bureaucratie, à l'insuffisance de formation chez beaucoup de responsables de petite et moyenne entreprises et enfin à la modicité de l'aide à l'exportation qui, selon M. Yalaoui, ne représente qu'un dixième de l'aide consacrée par les pays développés à leurs exportateurs. Elles ont pour source l'absence d'une véritable stratégie de promotion des exportations hors hydrocarbures, ce qui a pour corollaire les défaillances du dispositif du soutien : les mesures qui le constituent ne sont, bien souvent, que partiellement mises en œuvre ou bien font l'objet de procédures bureaucratiques trop longues, trop lourdes qui en limitent sensiblement les effets et, enfin, l'insuffisance au niveau des organismes d'appui et ceux offerts aux exportateurs. Le conseiller du président de la République M. Mourad Medelci, comme pour placer les entreprises devant leurs responsabilités, précises que le soutien de l'Etat, même s'il est nécessaire, n'est pas pour autant suffisant. Selon Houria Sammari de la SFI, North Africa entreprise development, programme d'assistance technique de la SFI, a recensé le besoin et les attentes des exportateurs algériens à travers des entretiens directs auprès de 50 exportateurs. Cette étude fut suivie d'un diagnostic de l'environnement juridique et réglementaire de l'exportation et d'une analyse des forces et faiblesses des dispositifs existants, d'appui et de promotion à l'exportation. L'image, qui se dégage de ces études, fait état d'une stagnation apparente des exportations hors hydrocarbures durant la dernière décennie. Cependant, une évolution significative peut être décelée à travers certains éléments. Une brochure distribuée à la presse révèle que les exportations de services, estimées à près de un milliard de dollars, continuent à ne pas être capturées par le système d'information existant. Les produits exportés se sont rapidement diversifiés, explique-t-on. Les exportations hors hydrocarbures passent de 728 positions du système harmonisé international en 1997 à 1 130 en 2000. La liste des pays de destination aussi s'est élargie, passant de 60 pays en 1997 à 91 pays en 2002. Le bilan reste tout de même mitigé, commente la SFI. Le nombre d'opérations d'exportation demeure caractérisé par la discontinuité tant dans la durée que par rapport aux marchés approchés mettant ainsi en exergue le faible soutien des services d'appui existants et surtout le besoin crucial d'une vision globale et d'une stratégie de promotion des exportations. Cette stratégie, selon un responsable d'Algex (ex-Promex), sera fin prête dans un mois et sera soumise au gouvernement. M. R.