Les vitres d'un véhicule de police ont volé en éclats et des voitures de riverains ont subi quelques dommages. Une dizaine de blessés sont à déplorer parmi les habitants. Une fillette de 7 mois est décédée. La cause serait liée à l'inhalation de gaz lacrymogènes. Son père, bijoutier, habitant le quartier, était impossible à joindre vu le dispositif de sécurité qui entourait le périmètre. La police réfute en bloc ces informations. «Mon fils a été touché par des balles en caoutchouc et a eu la jambe fracturée», assure un père de famille. Les affrontements ont duré toute la matinée d'hier. Les policiers, qui ont utilisé des bombes lacrymogènes pour disperser les protestataires, ont interpellé trois jeunes du quartier. Les représentants des habitants de la cité ont dénoncé la réaction «disproportionnée» de la police : «Des agents ont procédé à des perquisitions sans mandat, dans des domiciles, à la recherche de jeunes manifestants, sans aucune considération pour les lois de la République.» Ces affrontements font suite aux événements qui se sont déroulés au même endroit il y a deux semaines. Si ce jour-là, les habitants ont réussi à «repousser» les engins communaux, hier, les services de l'APC et de la daïra de Bab El Oued, escortés par un impressionnant dispositif sécuritaire (400 agents), ont réussi à démolir les constructions illicites sous le regard des habitants désespérés. «Sommes-nous des habitants de seconde zone ? Nous n'existons pas dans les programmes de développement», rageaient-ils. «Ils n'ont pas le droit de démolir, nous nous sommes endettés pour construire ces chambres», se plaint une femme. Selon une source policière, 50 policiers ont été blessés et plusieurs véhicules saccagés. «C'est après usage de projectiles et de cocktails Molotov que le dispositif de sécurité, de maintien et de rétablissement de l'ordre a été renforcé», ajoute la même source, qui a précisé que la police a fait usage de deux bombes lacrymogènes seulement. Les jeunes interpellés seront relâchés en fin de journée, précise-t-on également. La police dément avoir causé des blessés parmi les habitants. En fin d'après-midi, les affrontements se poursuivaient et la tension persistait. Les protestataires promettent d'étendre leur mouvement aux quartiers voisins «dont les habitants souffrent dans les mêmes conditions».