Pour empêcher la marche à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), un important dispositif policier a été déployé dans la capitale, avec une concentration ostentatoire des policiers au niveau de la place du 1er Mai, d'où devrait s'ébranler la procession des manifestants. Plusieurs centaines de policiers ont quadrillé toute la place, mais aussi les principaux axes routiers qui y mènent. Formant des haies de plusieurs centaines de mètres, les forces de l'ordre n'ont laissé aucune brèche pouvant être exploitée par les manifestants pour se rassembler. Les trottoirs et les esplanades de cet espace public ont été fermés à l'aide de barrières métalliques. Et cela, dès les premières heures de la matinée. Arrivés vers 10h30, les quelques dizaines de manifestants ayant répondu à l'appel de la CNCD, environ une centaine, selon nos estimations, ont été vite encerclés. Y figurent parmi eux les principaux animateurs de la coordination, à leur tête l'infatigable militant des droits de l'homme, Me Ali Yahia Abdennour. Pour le séparer de la foule des manifestants, une vingtaine de policiers ont été mobilisés. L'image peut inspirer les caricaturistes. Un seul homme, un vieux de 90 ans, cerné par 20 policiers pour l'empêcher de marcher ! C'est l'image d'un pouvoir qui ne lésine pas sur les moyens pour étouffer toute voix qui exige son départ. Le reste du dispositif policier est chargé de disperser les manifestants qui tentent de se regrouper sur l'un des trottoirs de la place. Brandissant des pancartes sur lesquelles sont inscrits des slogans appelant au changement du système, les protestataires scandaient des refrains hostiles au pouvoir : «Ennidhal, Ennidhal hata yaskout Enidham (militantisme jusqu'à la chute du système)» et «Djazaïr hora démocratia (Algérie libre et démocratique)». Afin de faire taire ces slogans, la police a innové cette fois-ci. Avec des sifflets rouges, les agents sifflent tous en même temps en faisant mine de réguler la circulation. En tout cas, le rassemblement n'a duré que près d'une heure. Vers 11h30, les agents de l'ordre ont réussi à disperser les manifestants. Les actions de la CNCD ne s'arrêteront pas à ce stade. Les membres de la coordination animeront, aujourd'hui, une conférence de presse au cours de laquelle ils devront rendre publique leur plateforme. Un document dans lequel ils doivent expliquer leur conception du changement du système et les étapes à suivre pour y parvenir. La publication de cette plateforme sera suivie par une campagne de sensibilisation à travers des rassemblements et des meetings. Selon les représentants de la CNCD, cette campagne sera conclue par un «grand» meeting populaire, devant être organisé, au début du mois d'avril prochain, à la salle Harcha à Alger.