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"Nous allons geler nos activités jusqu'à la nouvelle loi de finances 2010" Mouloud Kheloufi. Président de l'Association générale des entrepreneurs algériens
Sauf surprise, 1500 entrepreneurs algériens du secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique, adhérents de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), gèleront leurs activités en attendant la loi de finances 2010. Un geste fort pour contester des dispositions de la loi de finances complémentaire 2009. Vous estimez que vous êtes actuellement dans une situation critique suite aux nouvelles dispositions de la LFC 2009… Pour y faire face, éviter toute perte financière et pour que les entreprises ne déclarent pas faillite, nous avons décidé de geler nos activités jusqu'à la nouvelle loi de finances 2010. L'AGEA tiendra une assemblée générale extraordinaire à la troisième semaine du mois de Ramadhan ou éventuellement à sa fin. Il s'agira de discuter de toutes les entraves et les contraintes causées par la LFC 2009. Particulièrement l'obligation pour les opérations d'importation de recourir au crédit documentaire qui nous pénalise au niveau de la trésorerie et des délais. Les entrepreneurs importent l'équivalent de 2 millions de dollars chaque année. Pour le moment, la seule proposition que nous allons soumettre à nos adhérents reste la forte probabilité de gel des activités, tous secteurs confondus. S'agit-il de l'unique alternative ? Nous allons d'abord écouter et discuter avec les 1500 entrepreneurs à l'échelle nationale. Toute proposition qui pourrait nous aider à faire face à cette situation sera la bienvenue. Mais je vous affirme que nous n'avons pas d'autre alternative. Quel choix pourrions-nous adopter ? Aucun pour l'instant. La situation est tellement critique. En réalité, il y a des centaines d'entreprises qui réalisent plusieurs projets sans être encore payées. Les créances des ces entreprises auprès de l'administration vont de 90 à 110 millions de dinars. Au total, une centaine d'entreprises sont concernées. La situation est dramatique et l'AGEA a enregistré 150 entreprises ayant mis la clef sous le paillasson durant le premier trimestre 2009. Mais vous soutenez d'autres dispositions de la LFC 2009… Nous avons été parmi les premiers à demander l'annulation ou, au moins, la limitation des crédits à la consommation par exemple. Nous avons tiré la sonnette d'alarme auprès du ministère des Finances. De notre point de vue, l'Algérien n'a pas cette culture de crédit. De plus, les banques étrangères imposent aux Algériens des taux d'intérêt de 8 à 12%, ce qui est évidemment insensé vu les répercussions engendrées sur le pouvoir d'achat. Je n'oserai pas dire que ces banques étaient en train d'escroquer les Algériens, mais je tiens à souligner que le gouvernement aurait pu agir au moins sur les taux d'intérêt. Il y a quatre années de cela, nous avions alors proposé au gouvernement d'appliquer des taux d'intérêts pour les crédits ne dépassant pas les 3,5% pour la consommation et 5,5% pour l'investissement. Le chantier d'un million de logements fait encore parler de lui... Le point positif est qu'avec la réalisation d'un million de logements, nous avons pu rattraper un retard net de cinq années. Les entreprises réalisatrices achèvent 100 000 logements par an, ce qui donnera un quota de 500 000 logements pour les entreprises algériennes. Actuellement, nous sommes en voie de réalisation. Mais il y aura en tout un retard de six mois. Pas plus. Cependant, je dois dire que la mise à niveau des entreprises du BTPH est plus qu'indispensable, particulièrement après avoir vécu le terrible séisme du 21 mai 2003, et ce, dans le but de se conformer scrupuleusement à la nouvelle loi régissant la construction. L'AGEA propose de tenir un forum des bâtisseurs qui aura pour but de réunir pour la première fois l'ensemble des professionnels (maître de l'ouvrage, maître de l'œuvre, organismes de contrôle et réalisateur) pour analyser ensemble les raisons du « statu quo » et de définir les modalités et mesures à prendre pour une réelle relance de la construction en Algérie. Ne dit-on pas que si le bâtiment va, tout va ! Alors faisons en sorte que le bâtiment soit la locomotive de la relance de l'économie algérienne. Le 5 octobre prochain, nous allons tenter de discuter et de dégager des alternatives et des recommandations, lors du forum qui sera organisé avec des organisations internationales dans le domaine, et ce, à l'occasion de la journée mondiale de l'habitat. Que recommandez-vous pour booster le secteur du BTPH ? Il faut d'abord penser à la mise à niveau des équipements de production, en particulier les engins lourds de transport, de manutention et de réalisation, ainsi que les grandes installations d'agrégats. La redistribution des effectifs pléthoriques, surtout dans le secteur public, et la réalisation d'opérations de recyclage et de formation aux nouvelles techniques et aux nouvelles approches managériales s'avèrent plus que nécessaires. Il faut également redynamiser des structures chargées des recouvrements par des méthodes juridiques et comptables, conformément aux nouvelles lois du marché. Dans certains domaines du métier de la branche (bâtiments, grands ouvrages d'art, etc.), il y a nécessité de concrétiser les transferts de technologie et de prendre en charge la formation des cadres. Le secteur privé activant dans la branche est souvent peu professionnel et a un caractère artisanal. Une qualification doit être exigée, surtout dans certaines sous-branches sensibles ou présentant des risques liés à la qualité du produit ou de la réalisation. Enfin, je dois également dire que les structures et institutions étatiques doivent être renforcées pour orienter, assister techniquement ou prendre des mesures coercitives quant à l'encadrement des intervenants dans la branche. Il y a un manque de contrôle. Il faut innover et créer une structure chargée du contrôle et l'administration et l'entreprise réalisatrice du projet. L'AGEA n'a jamais participé aux réunions de la tripartite. S'agit-il d'un choix ou d'une exclusion ? Absolument pas. Nous n'y avons jamais assisté. Je vais être franc avec vous : lorsque le gouvernement ou une autre partie nous limite dans un cadre précis, les discussions ou les négociations, cela ne nous intéresse pas. Autrement dit, lorsque le gouvernement nous invite en précisant noir sur blanc l'ordre du jour, cela nous donne un avant-goût de tout ce qui va se passer ! Nous pourrons participer et négocier si les autres parties changent de comportement et de démarche. Si participation il y a, elle sera pour encourager une construction parfaite de l'économie algérienne et non pour être seulement un figurant médiatique. Je suis pour le patriotisme économique. Un aspect qui nous manque énormément. Bio express Président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) depuis 2003, jour de sa création, Mouloud Kheloufi était déjà depuis 1988 un chef d'entreprise. Il est technicien supérieur en bâtiment et en informatique. Il a également décroché un diplôme d'équipement en Allemagne.