Depuis deux ans et demi, « les gens de la mer » de Tizi Ouzou se sont dotés d'une chambre de la pêche. Elle se veut un intermédiaire entre ses adhérents et la tutelle. « Nous avons obtenu les bulletins d'adhésion de 160 pêcheurs. » Revenant sur les dures conditions d'exercice de ce métier, le responsable nous dit : « L'endettement vis-à-vis de la CNAS est un sérieux problème pour la majorité des pêcheurs. Ils sont soumis au même régime qui est de l'ordre de 12% du SMIG mensuellement payable par année ». « Nos rentes sont maigres et nous ne travaillons que quelques mois par année. On a besoin d'un échéancier de paiement », précisent-ils. Sur un autre plan, les pêcheurs, visiblement marqués par leur labeur, ajoutent : « Nous manquons d'information concernant les réformes et les dispositifs d'investissement », avant de renchérir et de stigmatiser « l'âge de la retraite qui est passé de 50 ans à 55 ans puis à 60 ans ». Le secteur de la pêche a connu une innovation ces dernières années. L'exercice du métier est subordonné désormais à l'obtention d'un diplôme. Nous apprenons, en effet, qu'une section de 27 pêcheurs suit actuellement une formation de neuf mois pour être diplômés en tant que « marins qualifiés ». Une formation qui a débuté le 16 octobre 2004 au niveau du CFPA d'Azzefoun et une autre est dispensée à 19 élèves pour l'obtention du diplôme de « patron de pêche ». Mais cette dernière, dont les quatre mois de formation théorique se feront au niveau du CFPA de Tigzirt, exige au préalable 18 mois de navigation. Lors de notre rencontre au port d'Azeffoun et à Tigzirt, ces derniers nous disent aussi leur « amertume » à propos d'« une convention signée entre le ministère de tutelle et celui de la Solidarité nationale », et par laquelle 100 pêcheurs ont reçu une aide de 300 000 DA sous forme de matériel : embarcations et moteurs. « Sur quelle base l'aide de 30 millions de centimes a été octroyée et comment a-t-on choisi les bénéficiaires ? », s'interrogent nos interlocuteurs. « Nous aurions aimé pouvoir disposer de cet argent à notre convenance et nous équiper nous-mêmes du matériel. » « Au lieu de nous imposer l'achat de barques et moteurs, il aurait été plus judicieux de mettre cette aide comme apport personnel et monter des projets avec le dispositif du FNDPA », note-t-on encore. Aussi, et selon nos informations, 49 cases ont été attribuées aux pêcheurs, alors qu'en juillet 2004, 36 lots de terrain ont été affectés aux pêcheurs de Tigzirt pour y bâtir leurs propres cases de pêche. « Un patron d'un sardinier bénéficie d'une case identique à celle d'un petit métier, alors que le premier utilise 14 marins et l'autre deux seulement ! Pourquoi fermer les cases destinées aux chalutiers ? », s'interrogent les pêcheurs. « Même si depuis dix ans, nous n'avons pas de problème d'écoulement de nos produits grâce à la présence, sur place de nombreux mandataires », nos vis-à-vis pensent que « pour l'heure les deux ports sont inadéquats ». La tempête de décembre 2004 qui a détruit à l'intérieur du port d'Azeffoun, des équipements de la Meditram, est pour quelque chose dans cette inquiétude.