Une centaine de partisans de l'ex-chef de l'Etat se sont rassemblés, hier après- midi devant le tribunal du Caire, pour protester contre une demande visant à retirer le nom de Hosni Moubarak des édifices publics de la capitale. Cette manifestation s'est vite transformée en accrochage entre les pro-Moubarak et environ 300 personnes hostiles à l'ancien raïs, qui ont jeté des pierres et des bouteilles vides contre les anciens baltaguias. Ces heurts se sont déclarés alors que la date du jugement à propos du retrait du nom de l'ex-président n'a même pas été fixée et que Hosni Moubarak ainsi que ses deux fils Alaa et Gamal sont en détention préventive pour une durée de 15 jours, pour répondre des accusations de corruption et de violence perpétrée contre les manifestations lors de la révolution égyptienne en janvier et février derniers. Au-delà des altercations, la population cairote reste divisée vis-à-vis de l'inculpation de Moubarak : «Je suis aussi heureux qu'on ne peut l'être, il nous a fait souffrir durant 30 ans», déclare Abdel Hakim Zahra, un jeune diplômé. A l'inverse, Haitham Mohamed avoue qu'il a du mal à se réjouir. «Pour être honnête, je me sens triste, il a quand même œuvré pour ce pays, cette décision est dure à encaisser», dit-il. L'état de santé de l'ancien chef de l'Etat s'est stabilisé, selon les sources médicales de l'hôpital international de Charm El Cheikh, où il est soigné. «Son état est stable et rassurant», a affirmé hier la source médicale citée par l'agence officielle Mena, ceci suite à son accident cardiaque survenu mardi dernier lors d'un interrogatoire. Plus d'immunité Hosni Moubarak, est en résidence surveillée à la station balnéaire de Charm El Cheikh, au bord de la mer Rouge, depuis sa démission le 11 février dernier. Il avait déclaré à l'époque qu'il «ne quitterait l'Egypte que le jour de sa mort». Vendredi dernier s'était déroulée une manifestation réunissant plusieurs milliers de personnes pour réclamer une enquête au sujet des violences perpétrées contre les manifestants et dont le principal accusé était Hosni Moubarak. La même manifestation devait se tenir aujourd'hui, mais la coalition des Jeunes de la révolution, qui avait appelé à cette marche, a suspendu hier sa tenue et a également salué l'inculpation de l'ancien chef d'Etat et ses deux fils. «Cette inculpation est un pas positif, nous avons suspendu cette manifestation, car c'était l'une de nos principales demandes et la première étape a été réalisée», affirme Chady Ghazali Harb, l'un des membres de la coalition. Le Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis la démission de Moubarak, a d'ailleurs affirmé que «cette enquête judiciaire montre que les forces armées ne comptent accorder l'immunité à personne, personne n'est au-dessus de la loi», dans un communiqué publié dans le quotidien Al Ahram.