Moins de six mois après la chute de son régime, l'ex-président égyptien Hosni Moubarak est réapparu hier. L'ex-homme fort de l'Egypte est convoqué à la première séance de son procès qui s'est tenu à l'Académie de police à Masr El Gedida, dans le nord du Caire. Qualifié d'«historique» par la rue et les médias égyptiens, le procès a été ajourné au 15 août. L'ancien président égyptien est apparu dans la salle d'audience du Caire allongé sur un lit. Le procès a débuté. C'est sa première apparition publique depuis sa démission le 11 février. Ses fils Alaa et Gamal, habillés en blanc, et l'ex-ministre de l'Intérieur, Habib El Adli, ainsi que six hauts responsables de la police étaient également présents. Le procès du président égyptien déchu, accusé de corruption et de «la mort de manifestants» lors de la révolte populaire de janvier qui a mis fin à 30 ans d'un règne sans partage de ce militaire de carrière, a débuté dans une ambiance houleuse. Le président déchu a quitté très tôt le matin l'hôpital de Charm El Cheikh où il était en détention préventive pour se rendre au Caire. Il a été transporté en ambulance à l'aéroport de Charm El Cheikh en vue de son départ pour Le Caire, a précisé la télévision d'Etat. Le procès devait commencer à 9h (heure locale) dans un amphithéâtre, où une grande cage à barreaux noirs a été installée pour accueillir les accusés. Moubarak est arrivé dans la salle d'audience. Pâle, vêtu de blanc, Hosni Moubarak et ses fils Alaa et Gamal, aussi habillés en blanc, la couleur réglementaire des prévenus n'ayant pas encore été condamnés, ont été mis dans une grande cage. Sur une civière, Moubarak assiste à son procès, entouré d'une assistance médicale. Le procès a été diffusé en direct à la télévision d'Etat. L'image est vraiment frappante d'un ex-chef d'Etat qui a régné comme un roi indétrônable et qui se retrouve après le soulèvement populaire dans une cage accusé de corruption et de massacre de plus de 800 manifestants. Face à l'ambiance qui a régné, le président du tribunal pénal du Caire, Ahmed Refaat, a dû demander «un silence total» pendant l'audience, en menaçant d'expulser de la salle toute personne allant à l'encontre de ses instructions. Mais parfois, il avait du mal à se faire entendre face aux avocats des prévenus dont certains intervenaient en même temps sur des points de procédure. L'ancien chef de l'Etat égyptien, 83 ans, est notamment accusé de corruption ainsi que de la mort de manifestants au cours de la révolte contre son régime en janvier et février. S'il est reconnu coupable de la répression meurtrière du soulèvement de janvier-février, il encourt la peine capitale. Une ambiance électrique Mais il faut dire que l'agitation a été grande dans la salle. Le procès s'est déroulé dans une grande confusion, les avocats se bousculent pour avoir accès au micro. Le juge a été contraint de réclamer le calme à plusieurs reprises. La séance a été momentanément suspendue. D'après des sources occidentales, l'un des avocats réclame des tests médicaux pour prouver que la personne présente dans le box des accusés est bien Hosni Moubarak. Il a affirmé qu'il s'agirait d'un sosie et que l'ancien président est mort en 1994. Un autre avocat des familles des victimes de la répression de la révolution égyptienne a demandé la peine capitale pour l'ancien ministre de l'Intérieur Habib Al Adli, qui comparait aux côtés du président déchu. Moubarak et ses fils, Alaa et Gamal, ont plaidé non coupables. «Toutes ces accusations, je les nie complètement», a déclaré Hosni Moubarak, à qui un micro a été tendu. Il s'exprimait couché sur une civière dans le box des accusés après une brève interruption d'audience. Alaa et Gamal ont ensuite pris la parole pour se dire non coupables. A l'extérieur de la salle d'audience, des affrontements ont éclaté entre les partisans et les anti-Moubarak. Selon les médias présents sur les lieux, près de 200 policiers antiémeute sont intervenus pour charger les manifestants, où des dizaines de blessés ont été signalés. A peine deux heures après le début du procès, l'audience a déjà été suspendue. A la reprise, le président du tribunal, Ahmed Refaat, a annoncé que le procès de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak et de ses deux fils a été ajourné au 15 août. Le président du tribunal a ordonné que l'ancien homme fort, malade, soit admis dans un hôpital près du Caire jusqu'à la prochaine audience. Quant au procès de l'ex-ministre de l'Intérieur, Habib El Adli, et de six hauts responsables de la police, il a été ajourné à jeudi.