La réalisation de plusieurs projets d'utilité publique au chef-lieu de la wilaya de Souk Ahras est confrontée, plus que jamais, au problème de la saturation du foncier. L'extension anarchique du tissu urbain, la prolifération des bidonvilles et la dilapidation des terrains communaux qui avait atteint le summum en 1991, sous le règne de l'APC islamiste, sont à l'origine de la crise. Terres agricoles, par excellence, les 100 hectares de Djenène Teffeh avaient fait l'objet, à l'époque, de centaines d'attributions de complaisance sous forme de lots de terrain, et ce en guise de solidarité partisane. Du temps où ces attributions étaient du ressort de l'APC, des centaines de personnes, des entités associatives, des partis politiques et de hauts responsables furent impliqués au détriment d'un plan urbain qu'on aurait basé sur les normes universelles. Vingt ans après, c'est la saturation, et pis encore, beaucoup de ces bénéficiaires, concevant mal la définition de l'espace public, ne lésinent pas sur les moyens pour squatter rues, ruelles, trottoirs ou terrains domaniaux. Des habitants de la cité Haï Echahid ont pris attache, hier, avec El Watan pour signaler un grand nombre d'occupations sauvages d'espaces publics dans cette partie de la ville. «Des dizaines de ruelles ont disparu à la faveur des extensions anarchiques réalisées au vu et au su des responsables à tous les niveaux. Des espaces communaux, tels que des aires de jeux ou des rues principales, ont été squattés», a déclaré le représentant du groupe protestataire. Un autre citoyen a ajouté: «Dans quelques mois toutes les voies d'accès à notre cité seront occupées et on aura droit à un bidonville au lieu d'un quartier résidentiel, tel que prévu sur le plan de masse.» Un élu communal a condamné, sous le sceau de l'anonymat, les auteurs de ces extensions illicites qu'il qualifie de «caste au-dessus des lois». A la cité Djenène Teffeh, aucune partie responsable n'a pu récupérer un terrain de 1 600m2 attribué dans les années 1990 à un particulier, dans le cadre de la promotion des structures sportives, et qui s'est avéré, des années plus tard, sans fondement légal, donc, bien étatique. «Dans cet espace boisé, situé à mi-chemin entre Mezghiche et Ouled Ali, des dizaines d'arbres ont été abattus et des constructions y ont été érigées sans qu'aucune partie responsable n'aille s'enquérir de la situation », nous fait savoir un citoyen. Un déplacement sur site a confirmé ces dires. A la cité Baoulou, une placette publique a disparu à la faveur d'un bidonville. Aux cités Bendada et Ahmed Loulou, des dizaines de logis de fortune ont été construits de nuit, et depuis seulement deux semaines. D'autres cas sont signalés quotidiennement sans jamais susciter la moindre réaction. Au lieu des 1 400 baraques recensées en 2007 à Souk Ahras, aujourd'hui, on en compte plus de 2000, d'après une source responsable.