Le problème réside dans l'absence d'une conception du tissu urbain qui remonte aux années de construction de cités-dortoirs où l'on ne tenait jamais compte d'un plan d'accompagnement. Des dizaines d'hectares ont été concédés à des particuliers qui ont, tout de suite après, encouragé la gabegie que tout le monde constate aujourd'hui. La saturation du foncier à Souk Ahras date depuis des décennies et rien n'augure, pour l'heure une mesure autre que celle préconisée implicitement par les gestionnaires: l'extension vers les zones semi-rurales. Le pôle universitaire, les nouvelles cités logements socio-participatifs (LSP), des semblants de cités administratives et autres projets d'utilité publique, ont été réalisés sur les dernières réserves d'une ville peu gâtée par le relief, victime d'une urbanisation anarchique et effrénée, une prolifération sans trêve des bidonvilles et une absence d'un plan d'extension fiable, viable et capable de résister à ceux qui font du foncier une manne financière. Pour Kamel Khalfi, architecte, la genèse du problème réside dans l'absence d'une conception du tissu urbain qui remonte à ces années de construction de nouvelles cités-dortoirs où l'on ne tenait jamais compte d'un plan d'accompagnement. «Hormis l'ancien centre-ville de Souk Ahras et la cité des 1700 logements, toutes les agglomérations ont ce caractère de quartier annexe, je cite à titre indicatif la cité des 418 logements», a-t-il indiqué, avant d'ajouter que la préservation des assiettes foncières dépend inéluctablement de cette même conception qui fait actuellement défaut à Souk Ahras. Les assiettes intercommunales, proposition avancée par certains spécialistes en la matière, ne semble pas, à elle seule, capable de résoudre le problème qui s'annonce comme le prélude d'une crise pour la réalisation des projets retenus dans le cadre du prochain quinquennat. Sofiane Sid, enseignant universitaire et chercheur en urbanisme, propose une décision courageuse dans ce contexte, en déclarant: «Il est inconcevable que l'on continue en période de saturation du patrimoine foncier à se permettre une extension horizontale, du genre résorption de l'habitat précaire (RHP) où des dizaines d'hectares ont été concédés à des particuliers qui ont, tout de suite après, encouragé le gabegie que tout le monde constate aujourd'hui. Il est grand temps que l'on change de réflexe. Pour cela c'est l'option universelle qui doit prévaloir: espace limité gagné en verticale.» Le même interlocuteur appelle au recensement des dizaines de poches foncières existantes à travers le territoire du chef-lieu de wilaya et qu'il considère très importantes. Il présente comme solution idoine au problème, le recours aux réserves des communes de Merahna, M'daourouch et H'nencha pour toute éventuelle conception de nouveaux pôles urbains. Dans ce même ordre d'idées, des citoyens des cités Djenène Teffeh et Haï Echahid ont pris attache avec El Watan pour dénoncer une dilapidation des espaces communaux (escaliers, ruelles, aires de jeu, espaces verts et rues entières) lesquels ont été annexés à des bâtisses privées sans susciter la moindre réaction de la part des responsables concernés. Takieddine Hessaïnia, un doctorant en urbanisme, s'est étalé, quant à lui, sur le phénomène des bidonvilles qu'il classe parmi les causes majeures de cette crise du foncier à Souk Ahras. A ce propos, il précise: «La ville a connu des retards considérables dans la gestion du dossier logement. Les années d'après l'indépendance, le boom démographique attendu et l'exode rural ont été contenus grâce aux deux plus grands bidonvilles de la wilaya: Mezghiche et Laâlaouia. Des décennies après, le citoyen de Souk Ahras commençait à découvrir le lotissement et l'appartement. Des changements au niveau des mentalités s'opèrent et c'est un autre rush, cette fois-ci, vers les nouvelles cités-dortoirs. Le reste de la population, venu demander le droit à la ville, s'est rabattu sur les constructions illicites. Ils squattent terrains communaux et domaniaux et ne renoncent à leurs baraques qu'une fois relogés.» Legs de plusieurs années d'indifférence, le mal est actuellement en phase de métastase.