Accusée d'avoir organisé une manifestation sans autorisation, elle a passé 24 heures en garde à vue au commissariat de police. Présentée le lendemain devant le procureur de la République, elle a été mise en liberté en attendant sa comparution fixée au 28 avril. Hier, lors de son procès, Dalila, qui avait bénéficié d'un formidable mouvement de solidarité, ne s'attendait certainement pas à un tel engouement autour de son affaire. Venus de toute l'Algérie profonde, les militants des droits de l'homme, la société civile (les Filles Fadma n'Soumeur, les CNCD d'Alger, d'Oran et de Mostaganem, le Snapap), des partis politique (MDS et RCD), des mouvements de jeunes (MJIC) se sont regroupés en face du tribunal de Mostaganem, dont la petite salle a vite été envahie par une foule compacte et disciplinée. Appelée à la barre, Dalila Touat a mis en exergue sa situation sociale, soulignant que malgré son magistère, elle est au chômage, ce qui justifie sa tentative de création d'une association de défense des droits des chômeurs. N'ayant pas reçu d'agrément, elle soutiendra avoir distribué des prospectus appelant les jeunes chômeurs à s'organiser afin de défendre leurs droits. Dans son réquisitoire, le représentant du parquet avait requis une amende de 20 000 DA. La défense de Dalila Touat a été assurée – à titre bénévole – par pas moins de cinq avocats, dont Me Bouchachi du barreau d'Alger, Me Khemisti du barreau d'Oran et Me Doudou du barreau de Sidi Bel Abbès. Tous ont souligné avec force la justesse des revendications de Dalila Touat et surtout l'absence d'éléments constitutifs du délit qui lui était reproché et qui lui a valu une garde à vue de 24 heures au commissariat de police et un procès que beaucoup d'associations de défense des droits de l'homme avaient dénoncé. On a noté également la présence de Belaïd Abrika, venu à la tête d'une délégation du mouvement des archs. La chaîne de télévision France 24 a également couvert le procès. Présidé par une juge, le tribunal a prononcé l'acquittement et l'extinction de toutes les poursuites à la grande joie de l'assistance qui a accueilli le verdict par des acclamations. Très émue, Dalila Touat a remercié tous ceux qui l'ont soutenue et les présents, ajoutant que le combat pour le droit au travail et la liberté d'expression doit se poursuivre.