Appelée à comparaître en citation directe, Dalila Touat, la jeune femme chômeuse, animatrice locale de la Coordination nationale du changement pour la démocratie, a finalement bénéficié de la relaxe, prononcée par le tribunal correctionnel de Mostaganem. Le verdict a été rendu en tout début d'après-midi de jeudi dernier, au terme d'un procès, couvert par une chaîne de télévision étrangère, France 24, ouvert à peine deux heures auparavant. Devant un prétoire plein à craquer d'une foule qui débordait jusqu'au-devant du tribunal, composée de militants des droits de l'Homme, de représentants de l'Association des chômeurs de Ouargla, d'adhérents et de sympathisants du MDS et de la CNCD d'Alger, d'Oran et de Mostaganem, la présidente de l'audience avait ainsi “débouté” le ministère public ayant requis la condamnation à une amende de 20 000 DA. Dalila Touat, cette citoyenne au chômage depuis bientôt huit ans, est titulaire d'un magistère en physique. Elle était poursuivie pour avoir distribué des tracts appelant les chômeurs de Mostaganem à rallier les marches et les rassemblements de leurs pairs à Alger. Soutenue dans sa cause par la CNCD, la Ligue algérienne des droits de l'Homme, les partisans du MDS et du RCD, d'une délégation des archs conduite par Belaïd Abrika, des membres de l'Observatoire des femmes battues et de nombreux sympathisants, elle a été brillamment défendue par un collectif d'avocats composé, entre autres, de Maîtres Bouchachi du barreau d'Alger, Khemisti du barreau d'Oran et Doudou du barreau de Sidi Bel-Abbès, constitués à titre bénévole dans l'affaire. Dans les plaidoiries successives, on aura noté la démonstration de la justesse des revendications de la prévenue mais surtout l'absence d'arguments solides et tangibles à même de fonder un dossier d'inculpation, une éprouvante garde à vue de 24 heures dans un commissariat de police, et un procès à plus forte connotation politique que délictuelle. Applaudissements particulièrement nourris, youyous stridents, embrassades, accolades, et congratulations mêlées de larmes, aux yeux des militants de la cause du changement, la sentence du tribunal constituait une ultime victoire sur le chemin de la révolution.