L'orge, dont la production a toujours constitué un appoint dans la pratique céréalière, parce que destinée essentiellement à l'alimentation du bétail, a détrôné les blés qui, eux, sont réservés à la consommation humaine et dont le prix de cession est pourtant nettement plus avantageux que celui de l'orge. Ce phénomène, qui consolide une tendance qui s'est manifestée depuis une décennie, est tout aussi remarquable que le fait que la production céréalière ait atteint cette année, pour la même décennie, un niveau record. Ainsi, pour une superficie de 95 344 ha emblavés, la production estimée a atteint 1 298 300 q, soit un rendement moyen de 14 q/ha. Grâce à la bonne pluviométrie enregistrée, la sole céréalière a augmenté de 4000 ha par rapport à la campagne précédente. Cette avancée a renforcé l'évolution progressive des orges qui, de 33 200 ha en 2003/2004, sont passées à 62 500 ha, soit 88% d'augmentation au détriment des blés qui ont régressé pour la même période de 63 500 ha à 30 875 ha. Le fait est d'autant plus remarquable que les prix de cession des blés dur et tendre sont fixés respectivement à 4500 et 3500 DA le quintal alors que l'orge atteint 2500 DA. Deux causes ont conduit à cette situation. Il y a d'abord la sécheresse qui a fait que les agriculteurs ont opté sur la durée pour la culture de l'orge, une céréale plus productive que les blés mais également plus rustique car pouvant supporter mieux qu'eux des conditions climatiques difficiles. Ensuite, l'écoulement de l'orge est sans risque puisque la production est absorbée par le marché informel et payée au comptant. Par contre, le paiement des blés, dont la production est livrée essentiellement aux CCLS, passe par le biais de la BADR, ce qu'évitent les céréaliers généralement endettés auprès d'elle et poursuivis également par les services des Domaines auprès desquels ils sont redevables au titre du droit de jouissance des terres. Développement végétatif Néanmoins, pour cette campagne, les CCLS ont été instruites pour ne pas payer les céréaliers par virement sur leurs comptes mais par chèque au porteur alors que la BADR a reçu instruction de ne pas faire d'obstruction. De la sorte, la collecte des blés auprès des CCLS, qui était descendue depuis 2004/2005 de 119 620 q de céréales à 48 464 q en 2007/2008, est remontée à 425 169 q. Le second phénomène qui a caractérisé la campagne 2008/2009 est la faible production enregistrée sur les terres à fortes potentialités agricoles, contrairement aux terres qui le sont bien moins. Les agronomes expliquent cette paradoxale disparité par le fait que les terres à haut rendement se situant sur les piémonts en zone tardive (Aghlal, Aïn Kihal, Aïn Tolba et Aoubellil), les précipitations de décembre et janvier y avaient perturbé la préparation à temps du lit des semences alors qu'en plaine, les semis avaient été effectués. Par ailleurs, bien que conséquente, soit 522 mm équivalent à 105% de la moyenne Seltzer et 163% de la moyenne décennale, la pluviométrie a été surtout bénéfique à la germination des graines et favorisé le tallage pour les semis précoces, les talles étant les tiges dont sortent les épis. Ainsi, la pluviométrie a été mal répartie puisque 80% des précipitations ont été enregistrées durant la première phase du développement végétatif. Par ailleurs, la vague de froid et la faible pluviométrie enregistrée en février ont perturbé le développement végétatif des plantes.