L'annonce de la nomination d'un successeur à Baïtullah Mehsud, le chef des talibans pakistanais probablement tué par un missile américain début août, n'est qu'une « spéculation » pour Islamabad, qui a une nouvelle fois promis, vendredi dernier, d'éliminer ces insurgés liés à Al Qaïda. Washington et Islamabad considèrent que Mehsud a été tué le 5 août dans la frappe ciblée d'un missile américain dans son fief des zones tribales du Nord-Ouest pakistanais, mais ne peuvent en apporter la preuve. Le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP) dément depuis trois semaines la mort de son chef, assurant seulement qu'il est malade et dans l'impossibilité d'assumer le commandement, mais sans apporter la preuve qu'il vit encore. Depuis, au moins trois commandants rivaux se disputent la succession de Mehsud : Faqih Mohammad, Hakimullah Mehsud et Wali ur-Rehman. Samedi, deux jours après avoir assuré qu'il avait pris la tête du mouvement, Faqih Mohammad a annoncé que le TTP avait finalement nommé Hakimullah pour assumer le commandement, ce que l'intéressé n'a pas confirmé et ce qu'a démenti auprès d'une agence de presse internationale Wali ur Rehman. « Si Hakimullah Mehsud est devenu le chef des terroristes, alors il devrait l'annoncer lui-même », a déclaré mardi à la télévision d'Etat Rehman Malik, le ministre de l'Intérieur. « Tout cela, c'est de la spéculation, tant qu'il ne l'annonce pas lui-même » et, « selon nos informations, ils n'ont pas été capables de nommer un chef » depuis la mort de Mehsud, « parce qu'ils se battent entre eux », a ajouté M. Malik. Cette analyse est partagée par les experts et observateurs indépendants pakistanais. « Ils ne peuvent pas se cacher, nous nous rapprochons de leur veine jugulaire, le peuple s'est retourné contre eux », a conclu le ministre, qui avait promis à plusieurs reprises, ces derniers mois, d'« éliminer » les talibans. L'armée a lancé en avril une vaste offensive contre ces rebelles islamistes dans le nord-ouest, sous la pression des Etats-Unis. Washington considère qu'Al Qaïda a reconstitué une partie de ses forces dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan, avec l'aide des talibans pakistanais. Ces derniers sont responsables de la vague sans précédent d'attentats suicide, pour la plupart, qui a fait plus de 2000 morts dans tout le pays depuis deux ans.