Les soirées ramadhanesques sont agréablement saupoudrées d'odeurs de délicieuses brochettes qui mettent l'eau à la bouche des nombreux randonneurs. Où que vous soyez, les agréables senteurs de grillade vous parviennent et vous titillent les narines. C'est une foultitude de barbecues qui poussent ici et là et que les promeneurs constatent à loisir et à chaque coin de rue après la rupture du jeûne. Une profusion d'étals de fortune montés sur n'importe quoi et proposant des brochettes et des merguez cuits sur la braise, meuble trottoirs et placettes publiques. Un commerce qui fait recette auprès d'une engeance de gamins dégourdis et d'adolescents débrouillards, mais qui se pratique hélas en parfait décalage avec les règles d'hygiène élémentaire et de protection du consommateur. Ces petites gargotes dressées à l'air libre et à tous vents, qui poussent un peu partout comme des champignons, ont presque relégué au second plan la vente très prisée des primeurs d'été (figues, figues de Barbarie, etc.) que des commerçants exposent à même des brouettes, sur de simples pièces de caisses d'emballage ou dans des cageots en bois ou en plastique. D'épais nuages de fumée appétissante s'échappent de ces dizaines de boxes à cuisson improvisés qui, en vérité, ne paient pas de mine puisque les brochettes et les saucisses proposées aux consommateurs ne sont pas conservées dans des appareils de réfrigération, à l'instar des baguettes de pain, et sont à la merci de la poussière et de toutes les impuretés pouvant être de potentiels vecteurs de transmission de bactéries. Tous les ingrédients faisant saliver les passants étant réunis, les premiers dégustateurs, en solitaire ou en famille, commencent à commander leurs sandwiches juste après la prière des « tarawih ». A l'issue de longues promenades et déambulations à travers les artères de la ville, c'est une véritable boulimie qui s'empare des randonneurs et des insomniaques qui sont plus en plus nombreux à s'adonner à ce genre de dégustations. Le hic est que ce genre de négoce qui peut être source de danger menaçant la santé publique se pratique, le silence et l'insouciance des responsables aidant, à très grande échelle sans pour autant que les préposés à cette activité lucrative soient interpellés ni même inquiétés.