A quand remonte vos dernières «vraies» vacances ? Si vous posez cette question à un Algérien moyen, ne vous attendez surtout pas à avoir une réponse. Car le budget vacances coûte les yeux de la tête depuis fort longtemps, ce qui dissuade la majeure partie des Algériens à se payer une escapade sous d'autres cieux, après une année de labeur. Depuis quelques années, les prix ne cessent de grimper et le pouvoir d'achat de s'éroder, à tel point que désormais passer des vacances fait partie de rêves lointains. Bien lointains. Tous les Algériens ne peuvent pas passer des «vacances». Seule une minorité d'entres eux, les plus nantis évidemment, peuvent se permettre quelques jours de détente. La majorité n'a pas les moyens de s'offrir un séjour en bord de mer, les pieds dans l'eau, et se contente d'un congé, «maison, télévision» et quelques sorties occasionnelles dans les très rares lieux touristiques que compte le pays. La plage demeure la seule consolation, mais l'absence de propreté et d'aménagement décourage plus d'un de s'y rendre. Souvent, on troque les lieux touristiques «quasi inexistants», en lieu de consommation sans réelle animation. A Alger, à l'instar de Sidi Fredj, Staouéli et autres lieux prisés durant l'été, Draria se singularise par son fameux boulevard des rôtisseries, «chouayine», qui attire une foule de monde. Durant l'été, ces chouayine font le plein. Le rush des familles sur les grillades commence d'ores et déjà à se faire sentir. En quelques années seulement, la commune de Draria s'est fait une réputation à travers les savoureuses brochettes à la braise qui titillent les papilles et les narines. «Nous sommes à la mi-juin, et l'affluence commence à se faire dense. Mais le flux des estivants est surtout attendu vers la fin juin et le début juillet», confie le gérant de la rôtisserie El Bahdja. 14 rôtisseries s'alignent des deux côtés du boulevard. Ils affichent généralement complet jusqu'à 1 heure du matin. «La plupart de mes clients sont issus de la communauté émigrée. Mais je reçois aussi beaucoup de délégations étrangères», ajoute-t-il. Ce gérant aborde l'été l'air confiant. «Les affaires marchent plutôt bien depuis quelques années», dit-il et de préciser : «Cela fait dix ans que je suis installé ici, le local ne m'appartient pas, c'est une location.» Il estime, d'autre part, que les clients apprécient les brochettes de Draria car, selon lui, «elles sont plus fournies et coûtent moins chers [45 dinars la brochette]». «La propreté et l'hygiène sont de mise», assure-t-il. «Les services d'hygiène passent deux fois par semaine pour contrôler», nous indique-t-il. Il considère aussi que «l'ambiance est bonne et que la sécurité est de rigueur», mais relèvera toutefois le problème du parking. «Le parking est un véritable casse-tête chinois. Nos clients s'en plaignent souvent d'ailleurs et il arrive qu'au moment de payer (50 dinars) des altercations éclatent entre gardiens de parking et clients. Ces derniers refusent de payer, estimant que le parking doit être pris en charge par nous», précise-t-il. «Nous avons d'ailleurs demandé à l'APC de Draria de nous réserver ces aires de stationnement pour que les clients puissent y accéder gratuitement mais en vain», poursuit-il. «L'APC préfère les confier à des jeunes, histoire d'absorber le chômage chez ceux-ci», ajoute-t-il. Retour aux bonnes odeurs des grillades. Il fait bon d'y manger et d'y déguster des brochettes à la braise. Au sortir de la rôtisserie, un client confesse : «Je suis un fidèle de la maison. C'est tranquille et puis c'est un endroit propre et accueillant. Il m'arrive souvent de venir manger avec des amis», dit-il. «Je viens manger des brochettes mais aussi du bouzelouf [tête d'agneau cuite à la braise ou en sauce]». Et s'adressant au restaurateur, il lui précisera que le bouzelouf qu'on venait de lui servir était froid. Ce jour-là, il est accompagné d'une amie, habitant Washington. Elle aussi aime bien retrouver la convivialité de ces lieux lors de ses passages à Alger. «J'y fais un tour à chaque fois que je viens», affirme-t-elle. Toutefois, elle regrette que les barbecues qui dégageaient de la fumée à l'air libre et donnaient «du charme» à l'endroit aient été déplacés à l'intérieur des rôtisseries. En effet, les riverains, excédés par la fumée qu'ils dégageaient, ont demandé l'intervention des autorités locales pour en changer l'emplacement. La saison estivale, écourtée cette année puisque le Ramadhan coïncide avec le mois d'août promet d'être animée à Draria. Les rôtisseries ne comptent pas fermer boutique, car, nous dit-on, même durant le mois de carême, beaucoup d'amateurs de brochettes s'y rendent pour le s'hour. A. B.