Aux Nations unies, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis planchent pour mettre en œuvre un nouveau projet de résolution à l'encontre du régime syrien. Ce projet exige la fin immédiate des violences contre les manifestants, ainsi qu'une meilleure coopération des autorités syriennes avec les enquêteurs de l'ONU, travaillant sur des atteintes présumées aux droits de l'homme. Pour rappel, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal avaient déjà rédigé, le mois dernier, un projet de résolution. La Chine et la Russie avaient d'ores et déjà signifié qu'elles n'étaient absolument pas favorables à une implication du Conseil de sécurité en Syrie. Selon un diplomate cité par Reuters, ce texte aurait été par la suite amendé pour ne pas donner l'impression de préparer le terrain à une intervention militaire, à l'instar de celle menée actuellement en Libye. La Russie réfractaire à la résolution La Russie, qui s'était déjà élevée contre l'intervention de l'OTAN en Libye, a fait comprendre qu'elle s'opposerait à toute saisine du Conseil de sécurité de l'ONU concernant le dossier de la Syrie. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a déclaré hier : «Nous ne croyons pas que la question syrienne constitue un sujet de préoccupation pour le Conseil de sécurité, sans parler de l'adoption d'une sorte de résolution.» Et d'ajouter par ailleurs qu'une telle résolution pourrait entraîner «une escalade encore plus grande de la situation antérieure.» La Syrie est considérée comme l'allié le plus proche de la Russie au Moyen-Orient, et le droit de veto russe pourrait peut-être lui sauver la mise. Cependant, Moscou a fait part de son inquiétude face à l'aggravation de la situation en Syrie, craignant l'éclosion d'une confrontation armée entre des forces radicales et les forces de l'ordre, ce qui pourrait provoquer une escalade de la crise et empêcher toute chance de résolution pacifique du conflit. De son côté, la Chine a, elle aussi, fait savoir qu'il n'y avait «aucune raison d'adopter une résolution ou d'en référer au Conseil de sécurité», sans préciser si elle prévoyait de voter contre la résolution ou de s'abstenir. Afflux massifs de réfugiés vers la Turquie Alors que le Conseil de sécurité piétine, la situation s'est aggravée depuis 48 heures dans le nord-ouest du pays. La population a commencé à fuir, craignant des représailles sanglantes du régime au lendemain de la mort de 120 membres des forces de sécurité à Jisr Al Choughour. Plus de 1250 Syriens ont traversé la frontière avec la Turquie pour fuir la répression, selon l'agence de presse turque semi-officielle Anatolie. Située à une quarantaine de kilomètres de la ville syrienne de Jisr Al Choughour, la province turque de Yayladagi accueille depuis le début de la contestation les réfugiés syriens. Un exode qui rappelle aux autorités du pays l'exode des Kurdes d'Irak en 1991, suite à la répression du dirigeant irakien de l'époque Saddam Hussein. Pour le moment, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a affirmé que la situation était «sous contrôle». Quant au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, il a assuré que les frontières de son pays resteraient ouvertes aux réfugiés syriens. Une position toutefois inconfortable pour la Turquie qui a aboli les visas avec la Syrie, et qui a cultivé ces dernières années des liens étroits avec Damas.