Les travailleurs sont en grève illimitée pour des raisons salariales l Le PDG craint pour l'avenir de l'entreprise. La production est menacée, de même que les emplois. A peine quelques semaines après que le complexe avicole Carravic de Bouira, constitué des unités d'El Esnam et de Aïn El Aloui, eut-il repris les chemins du salut après l'enregistrement d'un déficit dépassant les 80%, que la crise profile encore à l'horizon avec l'engagement d'un bras de fer entre les travailleurs et l'administration du groupe. En effet, il y a 15 jours de cela, les travailleurs affiliés à l'UGTA sont entrés dans un débrayage illimité, revendiquant un certain nombre de mesures dont, initialement l'augmentation des salaires (en moyenne de 50%), la réévaluation des primes et indemnités et enfin, l'application de l'ancienne méthode de calcul de la PRC (prime de rendement collective). En fin de semaine écoulée, alors que les couvoirs de cette entreprise sont pratiquement à l'arrêt avec un risque énorme de détérioration des œufs à couver emmagasinés depuis le 8 du mois en cours, date du début de la grève, c'est l'autorité administrative qui a eu recours à la Force publique pour évacuer les produits périssables qui ont été transférés vers d'autres unités du groupe ONAB dont dépend ce complexe. Hier encore, les syndicalistes protestataires, dont Moumou Ahmed et Bouchelkia Ahmed, du syndicat de l'entreprise, maintiennent leur position, pour réitérer leur position d'aller jusqu'au bout de leur mouvement de protestation. Selon ces syndicalistes, le service minimum est assuré, mais il ne concerne que le ramassage des œufs au moment où les couveuses sont mises à l'arrêt, ont-ils précisé. Le PDG de Carravic, M. Boualem Allah, dont le bureau se trouve à El Esnam, ne cache pas sa crainte de voir le groupe chavirer. « L'on est déjà en face de difficultés financières qui ne nous ont pas empêché d'augmenter les salaires des travailleurs il y a de cela quelques mois. Cependant, si le blocage persiste, les pertes seront énormes dès lors que toutes nos commandes reçues seront annulées ». Notre interlocuteur qui exhibe des documents pour justifier ses démarches ainsi que celles de son entreprise, ajoute : « Nous avons, de tout temps, associé les partenaires sociaux, et c'est ces mêmes personnes protestataires qui se trouvent membres du conseil d'administration et du comité de participation de l'entreprise. Au train où vont les choses, nous n'aurons plus un poussin d'ici le 1er septembre, ce qui ne manquera pas d'avoir des répercussions négatives sur le marché de la volaille. » Les interlocuteurs de l'entreprise Carravic, disent ne pas comprendre les raisons de cet acharnement à bloquer la production au moment où le dialogue a été ouvert et que des promesses de réévaluation, notamment des salaires, ont été faites pour le début de la rentrée sociale dans le cadre de la tripartite. En somme, si la tension chez les contestataires ne cesse de s'exacerber, la situation de blocage actuelle ne sera qu'un prélude à la faillite redoutée de cette entreprise dont la situation financière est déjà déficitaire.