Depuis hier, les travailleurs de Caravic (unité d'El-Esnam, unité siège, unité de Aïn El-Alloui) sont en grève illimitée. Lors de notre passage, hier matin, à la direction générale à El-Esnam, les travailleurs rencontrés sur les lieux, ont tous exprimé leur désarroi face au mépris affiché par cette dernière. Ils se sont rassemblés devant le siège de leur direction et ont affiché des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : “Nous sommes en grève illimitée.” Pour la première semaine, un service minimum est assuré. Les représentants des travailleurs, de leur côté, assurent que toutes les voies légales ont été usées avant de déclencher le mouvement de protestation. “Un préavis de grève a été déposé après que les quatre unités concernées avaient approuvé, en assemblée générale, à l'unanimité le mot d'ordre en présence d'un huissier de justice qui a dressé un procès-verbal de constatation”. Une plate-forme de revendications avait été remise à la direction générale, suivie de deux rencontres de réconciliation auprès de l'inspection du Travail (les 16 et 23 juin), sans aboutir à un consensus. L'inspection, de son côté, a dressé un procès-verbal de non-conciliation. La plate-forme de revendications, dont nous détenons une copie, vise à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs. Elle prévoit une augmentation de 50% du salaire de base et le calcul de la prime de rendement collective sur les anciens paramètres. “Nous ne pouvons calculer l'application du règlement intérieur et de la convention collective à tous les travailleurs sans distinction de fonction ou de sexe.” Reconnaître le partenaire social en tant que tel et l'associer dans les prises de décisions. Les travailleurs accusent les deux poids, deux mesures de la direction envers les travailleurs. “Certains privilégiés bénéficient de tous les avantages, tels les véhicules de service, les promotions et les formations, alors que les plus compétents sont marginalisés”, nous déclarent-ils. À l'unité d'AIn El-Alloui, les travailleurs parcourent plus de 4 km à pied et subissent, selon leurs déclarations, un harcèlement administratif. “Ce qui est permis aux uns est interdit aux autres”, soulignent-ils. La gestion est remise en cause. “Comment nous demande-t-on d'être bénéficiaires alors qu'on nous oblige à vendre le poussin à 30 DA à la société d'abattoir du centre qui le revend au portail à 60 DA aux privés. Pour les coopératives agréées, le prix est fixé à 65 DA le poussin”, accusent-ils. Nous nous sommes rapprochés du directeur général qui nous a fait attendre plus d'une demi-heure au secrétariat pour nous annoncer à la fin par sa secrétaire : “Il est occupé. Il ne peut pas vous recevoir”. A. DEBBACHE