Les professionnels de la réparation navale nationaux et étrangers sont en colère contre le Groupement d'intérêt commun des entreprises portuaires (GICEP) qui gère les 10 ports que compte le pays. La cause est, selon eux, la parution, le 24 août, d'un avis d'attribution provisoire de marché sur la presse nationale à 3 soumissionnaires dont 2 étrangers. Justement, l'un de ces deux derniers – le Français Piriou – est très contesté par les professionnels car, selon eux toujours, il n'a pas été sélectionné à la première étape pour qu'il soit retenu pour la seconde. C'est-à-dire figurer sur la liste d'attribution provisoire voire finale. D'ailleurs, ils comptent introduire à partir d'aujourd'hui des recours pour situer les responsabilités. Le marché en question porte sur l'offre de la réparation et la maintenance de 7 remorqueurs à l'arrêt technique installés dans 4 ports, à savoir 2 à Skikda, 2 à Annaba, 1 à Djendjen (Jijel), 1 à Mostaganem et 1 à Béjaïa. En effet, le soumissionnaire français Piriou, spécialisé dans la réparation navale, a, selon l'avis de presse, décroché la réparation de 2 remorqueurs au port de Skikda-Mazafran V et Mazafran VI pour un montant de plus de 2 millions d'euros pour un délai de 18 et 9 calendaires. Ce lot est, selon les professionnels contestataires, le meilleur de par l'état récent de ses équipements. « Bien qu'il n'ait pas été sélectionné par la commission d'évaluation des offres du Gicep, cet opérateur étranger non seulement a été imposé mais a bénéficié du meilleur lot du marché. On aurait accepté la supercherie si au moins l'entreprise nationale de réparation navale (Erenav) avait bénéficié de ce lot. Au contraire, elle a été retenue pour le plus ancien et mauvais lot, à savoir Isser II de Mostaganem et Cheliff III de Annaba », ont dénoncé les protestataires. Comment Piriou a pu figurer sur la liste provisoire d'attribution des marchés alors qu'il n'a pas été sélectionné préalablement par la commission d'évaluation des offres du Gicep ? A cette interrogation, les professionnels au fait des détails ont répondu : « Il est de notoriété que la commission d'évaluation des offres techniques comme son nom l'indique évalue les soumissions. Et les opérateurs retenus seront sélectionnés hiérarchiquement sur une grille des critères d'évaluation des offres. L'opérateur Piriou n'a pas été retenu sur cette dernière. Passé à la commission des marchés et constatant l'absence de son entité sur la grille, le directeur général du Gicep a convoqué officiellement les membres de la commission d'évaluation pour réexaminer une recommandation de la commission des marchés pour réétudier le cas Piriou voire le greffer sur la grille. Dans l'impossibilité de fléchir, la commission d'évaluation, celle des marchés, a décidé de se servir elle-même. C'est-à-dire le faire figurer sur la grille des soumissionnaires retenus. » Ce qui a fait réagir les soumissionnaires non retenus mais ayant assisté à l'ouverture des plis. Au fait de toutes les informations relatives à leurs conquérants dont Piriou, ils comptent déposer aujourd'hui des recours et éventuellement discréditer la commission d'évaluation des offres. Aussi, l'engagement des procédures de recours engendre des retards considérables dans l'aboutissement des opérations de réparation voire l'immobilisation de l'un ou tous les remorqueurs sujets à réparation. Nos tentatives de joindre le DG du GIC-Ports sont restées vaines. Il est absent, nous répond à chaque fois le préposé au téléphone. Rappelons que Piriou est un spécialiste en construction, réparation et ingénierie navale. Il est implanté en Pologne, Vietnam, île Maurice et même au Nigeria. Il décroche d'importants marchés en Algérie sans pour autant s'y implanter. Son intention de s'implanter à Oran n'a jamais été concrétisée. En mars dernier, il a « remporté » 5 appels d'offres internationaux lancés par Sogeports, pour la réalisation des arrêts techniques de 5 remorqueurs portuaires de 30 m qui opèrent dans les ports d'Alger, de Skikda et d'Arzew. Les travaux pour ces arrêts techniques classiques seront intégralement réalisés à Concarneau (France). Il doit également répondre à un nouvel appel d'offres international dont l'objet est la construction de remorqueurs de 45, 70 et 130 t pour les ports algériens.