Le repas comporte une chorba chaude, des dattes, du pain et un dessert. C'est dans le 19e arrondissement, quartier populaire de Paris que l'association a installé son grand chapiteau, en mesure d'accueillir chaque soir près de mille personnes venant de tous les coins de Paris, et parfois même des banlieues proches. Chaque soir, près de 40 volontaires préparent à manger, dressent les tables, comme dans une cantine et assurent l'ordre et l'organisation à l'intérieur comme à l'extérieur de la tente. Les années précédentes, les repas étaient servis sous des tentes montées place Stalingrad et place de Belleville, dans deux autres quartiers populaires de Paris, abritant une importante communauté maghrébine et africaine. Intervenant dans un contexte de crise économique, le président de l'association Ali Hasni a déjà constaté, au troisième jour du Ramadhan, la hausse du taux de fréquentation par rapport aux années précédentes. « Evidemment, admet-il, le nombre de personnes qui viennent manger cette année est plus important que l'année dernière. Il y a d'ailleurs beaucoup de femmes qui préfèrent venir ici avant la rupture du jeûne pour emporter chez elles des bols de chorba, du pain et des bouteilles de lait. Le but pour elles est de dresser la table de Ramadhan chez elles, en compagnie de leurs enfants, histoire de vivre un peu la convivialité de ce mois. » La crise affecte la charité En effet, rien que pour le deuxième jour du Ramadhan, plus de 800 paniers à emporter comprenant divers produits alimentaires ont été distribués aux femmes, alors que le nombre de personnes qui ont mangé sous le chapiteau a atteint 1200. « En gros, résume Ali Hasni, nous offrons entre 1800 et 2000 repas chaque jour, ce qui fait environ 60.000 repas servis durant le mois sacré du Ramadhan ». Dotée d'un budget de 85 000 euros (environ un milliard de centimes), l'association « une chorba pour tous » a bénéficié d'une aide de la mairie de Paris de 40.000 euros ainsi que de donations émanant d'anonymes et d'entreprises privées. A l'image de Western Union, spécialisée dans l'acheminement de l'argent en Afrique qui a offert cette année 10.000 euros. L'année dernière, la même banque a octroyé à l'association près de 35 000 euros. C'est dire que les temps sont devenus durs en France. Toutefois, malgré ces gestes de générosité, le président de l'association craint que la crise n'affecte la bonté des donateurs et ne compromette, chemin faisant, son programme d'aide aux démunis et aux pauvres. Pour faire face à une éventuelle chute des subsides, l'association a lancé tous azimuts des appels à travers les médias communautaires en vue d'attirer de nouveaux donateurs dans le but de pérenniser son action humanitaire. La mosquée de Paris bénéficie des subventions de l'Etat français Du côté du « Secours islamique », le son de cloche est légèrement différent. Le budget pour le Ramadhan a augmenté de 50% par rapport à l'année dernière. Ainsi, le « Secours islamique » a consacré près de 150 000 euros (près d'un milliard et demi de centimes), rien que pour les aides durant le mois de Ramadhan. Celles-ci sont destinées aux étudiants étrangers, aux familles pauvres, aux immigrés qui vivent loin de leurs familles, sans oublier les prisonniers. Ainsi, la crainte de voir ses ressources affectées a été vite dissipée. Bien au contraire, les donations ont augmenté. « Notre budget a augmenté de façon importante On craignait que la crise n'affecte les dons, mais heureusement les gens continuent à penser aux autres. Et ce sont souvent des personnes modestes, en contact quotidien avec les pauvres, qui nous donnent de l'argent », se réjouit un responsable des relations publiques de cette ONG. Un dispositif identique a été également mis en place à la mosquée de Paris, qui a ouvert ses portes aux nécessiteux dans le cadre d'une campagne de solidarité en faveur des sans-abri. La mosquée de Paris reçoit une aide pécuniaire de 80 000 euros de la part de l'Etat français, en plus des dons alimentaires de la part des ambassades des Emirats et de l'Arabie Saoudite à Paris.