C'est le cas de Mustapha, employé dans une agence de voyages dans le quartier de Belleville (11e). Ce père de deux enfants n'a pas vu le Ramadhan arriver. Il se demande comment il va faire pour couvrir les dépenses liées à ce mois ? « Nous venons tout juste de revenir d'Algérie. Nous avons épuisé toutes nos économies. Paris : De notre bureau Il faut maintenant que je prépare la rentrée scolaire de mes deux enfants. Je dois aussi dégager une somme d'argent pour les besoins du mois sacré. Et tout cela me coûte extrêmement cher. » Mais, une fois n'est pas coutume, Mustapha compte demander à sa banque un crédit de 1000 euros. L'emprunt servira à couvrir les besoins quotidiens et financiers, quelques sorties familiales et à profiter de l'ambiance régnant dans les quartiers populaires de Paris. Et ça tombe bien. Les restaurants se sont organisés dans la perspective de ce mois. « La Ferme », dans le 5e arrondissement, en face de l'Institut du Monde arabe, promet de concocter des plats culinaires qui n'ont rien à envier à ceux de nos grands-mères. Chorba algéroise, couscous de blé ou d'orge, bourek, tajines aux recettes diversifiées, gâteaux algérois fins et thé. Hamou, le propriétaire des lieux, ne veut pas lésiner sur les moyens. Le tout servi dans un décor berbère et dans une atmosphère familiale et accueillante. L'association « UNE Chorba pour tous » reprend du service « Les quatre frères », une petite chaîne de restaurants algériens, où l'on déguste la cuisine traditionnelle, s'apprête aussi à faire le plein chaque soir. A Ménilmontant ou à Belleville, l'année dernière, de longues queues se formaient à l'approche de la rupture du jeûne devant ces établissements dont le succès culinaire se s'est pas démenti. On peut y satisfaire toutes ses envies. Pour ceux qui n'ont pas les moyens de faire un dîner de Ramadhan, l'association « Une chorba pour tous » reprend du service, pas loin du quartier de Stalingrad. Des milliers de repas seront servis gratuitement à tous les nécessiteux, musulmans ou pas, pendant tout le mois sacré. L'opération est rendue possible grâce aux dons de commerçants et à la générosité d'anonymes. L'ambiance est particulière sous la tente installée à l'occasion. Arabes, Noirs, musulmans, chrétiens, juifs, jeûneurs ou pas, tout le monde vient goûter une « chorba » chaude. L'ambiance est bon enfant. Pour les sorties nocturnes, les familles privilégient les endroits ou l'on peut écouter de la musique. A la « Bague de Kenza », à la rue Saint-Maur, dans le 11e arrondissement de Paris, c'est autour d'un thé à la menthe et de gâteaux algérois que l'on peut goûter à la musique chaâbi. Tout au long du mois, des chanteurs de cette musique populaire se relaieront pour offrir des moments de bonheur. Au centre culturel algérien, rue de la Croix Nivert, dans le 15e arrondissement, même si ce sont toujours les mêmes artistes qui sont programmés, on pourra apprécier le hawzi, avec Naceredine Chaouli, ou l'algérois, avec Samir Al Assimi, ou encore l'inépuisable Chaou Abdelkader. Au « Cantal », restaurant proche de la place de la Nation (20e), c'est surtout la musique kabyle qui sera chaque soir à l'honneur, avec des musiciens connus et pas connus.