Beaucoup de citoyens de certaines localités de la wilaya de Tipaza se retrouvent après la prière des tarawih au niveau des aires de jeux et de boulodromes pour « pétanquer », une manière de tuer le temps en ces soirées du mois de Ramadhan. Les réflexes d'autrefois ont disparu malheureusement. L'ambiance triste dans le chef-lieu de la wilaya de Tipaza, à l'instar des autres villes durant ce mois sacré de Ramadhan, suscite véritablement des inquiétudes. L'association El Ismaïlia de Bou Ismaïl avait concocté un programme culturel pour ce début du mois. « Il faut faire apprendre aux jeunes Algériens à sentir le parfum des roses et à respecter les fleurs, nous murmure cet adepte de la musique chaâbie, et ne pas lui apprendre à ‘‘manger'' la rose, c'est cela l'art musical, il faut que le jeune Algérien goûte aux diverses variétés musicales du patrimoine algérien, dommage », conclut notre interlocuteur. Mustapha a organisé exceptionnellement une qaâda musicale sur sa terrasse, une façon pour lui de réunir quelques amis à lui qui sont venus d'Alger, Blida, Hadjout et Cherchell. Cela s'est déroulé au port de Tipaza. Ces instants de bonheur et de convivialité se sont achevés le samedi vers 2h du matin. L'orchestre dirigé par le violoniste Kamel Sebbagh était constitué d'une bande de copains, virtuoses et maniant parfaitement leurs instruments de musique, sans utiliser la sonorisation. Une rencontre intime et clean. Islam Chabni, comme à l'accoutumée, entame son tour de chant chaâbi à la demande de l'assistance par un extrait de musique rafda andaloussi pour passer au medh dini en interprétant ferradjia et terminer sa prestation par un kassid gharami. Durant la pause, l'autre Algérois enchaîne avec une chanson chaâbie, très populaire, avant que le timide Slamani Samir prenne la mandoline pour faire voyager et bercer l'assistance vers les horizons lointains par une musique haouzie du terroir. Hafidh Amokrane, avec son piano électrique, Berroune accompagne les chanteurs avec son banjo, tandis que Louail Mekki et Hamza Fathi, maintenaient le tempo avec la derbouka et le tar pour faire tanguer l'assistance aux rythmes des airs musicaux. Redouane, de Blida, avec son oreille musicale, est resté concentré, mais agréablement surpris par la prestation de ces jeunes musiciens issus de l'association Errachidia de Cherchell. L'Algérois Fodil Rerizani, un compatriote qui réside à Cambridge (Angleterre) était heureux par cette atmosphère, tout près de la mer calme du port de Tipaza. Cette qaâda a fait plonger Fodil dans les années d'antan des sacrés soirées ramadhanesques algéroises. « Je suis sincèrement surpris par la qualité musicale, notamment les voix de ces jeunes qui chantent, nous avons des artistes partout dans notre pays, mais je m'interroge sur l'absence des soirées pareilles en ce mois de Ramadhan », déclare Fodil. Mustapha Ziani s'occupe de la garniture des tables qui jonchent ce petit espace, en offrant des gâteaux du bled, du thé et du café aux musiciens et à ses invités. Madjid Guemar venu de Hadjout chante et reprend en chœur avec l'orchestre. Connaisseur du répertoire et excellent musicien du oûd à ses heures libres, c'est un fervent fan de la musique orientale et maghribi. Le port s'est vidé de ses occupants. Dans ce silence nocturne pesant, l'orchestre mis à l'aise s'engage dans l'interprétation musicale de certaines chansons chaâbies très connues, avant de terminer sa fête. Rendez-vous a été pris dans une maison au style mauresque à Cherchell, pour rééditer une autre soirée. Une initiative du chanteur Islam Chabni.