Beaucoup de nos cités sont sales, mal conservées et inesthétiques. Mais a-t-on idée des interminables controverses des locataires ? Si ces derniers se défendent bien de leur droit et exigent un cadre de vie « assez propre et adapté », d'autres locataires, en revanche, bougonnent et accusent les premiers de « raseurs ». Les assertions des uns et des autres ne manquent pas. Confession d'un groupe d'habitants d'une cité récemment réceptionnée. « Nous en avons marre de nous faire traiter de vieux attardés par des locataires qui ne veulent pas entendre parler d'hygiène et de propreté. Si tu ne laisses pas faire, tu es un « empêcheur de tourner en rond » et ce sont les locataires et les copropriétaires qui vont te tomber dessus. Si tu rouspètes et que tu appelles au civisme, tu te fais ridiculiser ». Le manque flagrant d'hygiène, la démission évidente des locataires, l'absence de volonté affichée par les parents locataires ou copropriétaires sont autant d'arguments qui pèsent lourdement dans le constat dressé par cet autre habitant. Selon les tempéraments, on manifeste plus ou moins de « doigté ». Comme le dit notre interlocuteur qui en est pourvu : « On peut me qualifier de vieux fou, ça ne me dérange pas ». Mais d'incident en incident, on finit par s'user et on craque. Il a suffi d'une altercation entre les locataires des « deux camps » pour que ces derniers se retrouvent à l'hôpital. Selon notre interlocuteur, un locataire s'en est sorti avec trois blessures au cou tandis que son protagoniste a eu deux côtes brisées. On a su, par la suite, qu'un des locataires impliqués dans la bagarre était, de l'avis de ses voisins, une « super vedette ». Au chapitre des défaillances, la liste est longue. A défaut d'éclairage public, celui ou celle qui s'aventure pour la première fois dans une quelconque cité peut toujours chercher l'immeuble de l'ami ou du parent. A cause de ce désagrément, bien des drames se sont produits, question de « nif » ou de « horma ». Les rares vide-ordures datant de l'ère des vestiges sont bouchés, le pullulement des rats qui n'ont plus peur de l'homme et qui vous narguent, les amoncellements de détritus devant les portes d'entrée… Sur ce plan, le malentendu date de plusieurs années et plonge ses ramifications dans un contexte purement organisationnel. « Sur le terrain, la qualité de la coopération dépend en premier lieu du degré de civisme des locataires et des copropriétaires », résume ce responsable de l'Unité générale de service (UGS) qui est chargée de l'organisation et du suivi de l'entretien des cités. Selon notre interlocuteur, le problème ne semble pas se poser outre mesure, du moment que l'appréciation en matière de prise en charge des cités et de l'hygiène des immeubles est laissé aux locataires.