Coulisses A-t-on idée des disputes renvoyant dos à dos locataires, concierges et responsables de l?Opgi ? Les assertions des uns et des autres ne manquent pas. C?est qu?ils en ont gros sur le c?ur. Confession d?un vieux couple de concierges, depuis 27 années dans le même immeuble : «Nous en avons marre de nous faire traiter de vieux ringards par une bande de gamins en train d?essuyer leurs baskets sur les escaliers fraîchement nettoyés. Si tu n?y remédies pas, tu n?as pas fait ton boulot et les locataires te tombent dessus. Si tu rouspètes et que tu en appelles au civisme, tu te fais engueuler par l?administrateur de l?Opgi qui crie au laisser-aller?» «Ils», ce sont les locataires d?une part et les concierges et les services de l?Opgi de l?autre, qui se renvoient la balle. Le manque flagrant d?hygiène, la décrépitude, les boîtes aux lettres décrochées ou défoncées, l?absence de volonté affichée par les parents locataires sont autant d?arguments qui pèsent lourdement dans le constat dressé par ce représentant de l?Opgi. Selon lui, le problème de réfection de quelque 400 immeubles est plus que nécessaire si on veut éviter, dans un avenir très proche, leur dégradation totale. «Les pouvoirs publics doivent choisir, pour parer à de coûteuses opérations de construction, d?appliquer au vieux parc immobilier de la ville les normes de l?ancien plan urbanistique, en y adaptant l?état de fait imposé par une conjoncture particulière.» A ces extrêmes, 5 000 locataires «potentiellement sinistrés» viennent s?ajouter à d?autres locataires occupant déjà 492 immeubles décrépis ou menaçant ruine. Rien que pour une quarantaine d'immeubles de la ville d?Oran, l?Opgi et la Banque mondiale ont débloqué une première tranche de 50 milliards de centimes en 2000. Ainsi, selon les tempéraments, on manifeste plus ou moins de doigté, comme le dit ce concierge d?immeuble du centre-ville, qui en est pourvu : «Les locataires peuvent me qualifier de fou, ça ne me dérange pas, pourvu que l?immeuble soit propre.» Mais ce n?est pas toujours le cas. Et à force d?incidents, on s?use et on craque. Il a suffi d?une altercation entre un concierge et deux locataires pour que ces derniers se retrouvent à l?hôpital avec des blessures au visage et pour l?un, une côte brisée. Mais pourrait-il en être autrement, alors que les dégradations et autres orages couvent depuis des années dans nos immeubles ? Au chapitre des défaillances la liste est longue. A défaut de minuterie, celui qui s?aventure pour la première fois dans un quelconque immeuble peut toujours deviner la sonnette de l?ami ou du parent sur laquelle il va appuyer. Les rares vide-ordures datant de l?ère des vestiges sont bouchés ; les rats qui n?ont plus peur de l?homme pullulent et vous narguent ; les amoncellements de détritus devant les portes d?entrée sont légion. Devant cette situation, il se trouve des responsables de l?Opgi qui vous disent tranquillement qu?ils ne vont plus au contrôle des immeubles parce qu?ils en ont marre de recevoir des «chikayate» des uns et des autres et même de se faire traiter de profiteurs. Dans ce contexte, le malentendu date de plusieurs années et plonge ses ramifications dans un contexte purement organisationnel. «Sur le terrain, la qualité de la coopération dépend en premier lieu du degré des civisme des locataires», résume ce chef d?agence de recouvrement des loyers de l?Opgi. Il reconnaît volontiers que certains locataires font montre d?un comportement irréprochable, prenant à bras le corps la gestion de leur immeuble. Mais qu?en est-il exactement de la réglementation ? Au niveau de l?Unité générale de service (UGS) de l?Opgi qui est chargée de l?organisation et du suivi de l?entretien des immeubles, le problème ne semble pas se poser outre mesure. Les concierges des immeubles relevant de l?Opgi sont rémunérés par les locataires, auxquels est prélevé automatiquement un «pécule», chaque fin de mois, sur leur loyer. Quant aux concierges qui ne sont pas rémunérés par l?Opgi, l?appréciation est laissée aux copropriétaires. Cependant, 80% des copropriétaires d?immeubles sont réticents à l?égard de leurs concierges. L?on peut alors aisément imaginer le pourquoi de la situation actuelle de dégradation du parc immobilier et ses retombées sur le cadre de vie.