Réunis hier au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) à Alger, les membres du bureau exécutif dudit comité ont ainsi adopté la décision de transmettre un préavis de grève générale au ministère du Commerce, tout en s'engageant à observer, pendant la durée du débrayage, un service minimum en faveur des seuls centres de santé et des hôpitaux. Selon le secrétaire général de ce comité, M. Benabdeslam, cette décision de recourir au débrayage est venue en réaction au mutisme dont continuent à faire montre les pouvoirs publics, alors que le secteur de la boulangerie demeure confronté à de graves difficultés financières. « La grève, a-t-il signifié, est le seul moyen qui nous reste pour faire aboutir les revendications des boulangers quant à pouvoir s'assurer une marge bénéficiaire. » « Depuis 1996, a-t-il indiqué, les charges que supportent les boulangeries et les prix des différents produits nécessaires à la panification, tels la levure et le sel, ont connu de multiples augmentations, tandis que le prix du pain reste encore au même niveau. » Et de lancer : « Puisque les pouvoirs publics ont décidé de fermer la porte à toute possibilité de révision du prix du pain, c'est à eux qu'il revient de trouver d'autres solutions pour régler la crise à laquelle le secteur de la boulangerie continue actuellement à faire face. » Tenue au respect d'un prix de vente public, fixé à la faveur du décret d'avril 1996, à 7,5 DA la baguette de pain ordinaire de 250 g, la corporation des boulangers, soutiennent les responsables du comité, « continue à travailler actuellement quasiment à perte ». « L'année dernière, rappellera M. Benabdeslam, le prix de revient réel de la baguette de pain courant, tel que nous l'avons calculé sur la base des augmentations des différentes charges et prix des matières premières, s'élevait à 11,95 DA ». « Or, a-t-il noté, cette structure des prix que nous avons transmis en 2004 aux services du ministère du Commerce est aujourd'hui dépassée, car depuis janvier écoulé, les charges des boulangers ont connu de nouvelles augmentations, dont notamment celle décidée sur le prix du gasoil. » « Plus de 80 % des boulangeries, affirmera-t-il, utilisent des fours à mazout pour fabriquer du pain et, de ce fait, le coût réel de la baguette de 250 g se situe actuellement au-delà de 11,95 DA. » Tout en mettant en évidence « la crise » qui secoue le secteur de la boulangerie depuis l'année dernière, M. Benabdeslam ne manquera de réaffirmer que le comité des boulangers ne réclame aucunement une augmentation du prix réglementé du pain, mais seulement la possibilité de permettre aux professionnels de la panification de réaliser des marges bénéficiaires. En ce sens, rappellera-t-il, « même le chef du gouvernement a reconnu, lors de la dernière session du Conseil national économique et social, que nos revendications sont légitimes, et que même si le prix du pain ne sera pas révisé, les boulangers ne doivent pas supporter la facture à eux seuls ». Et de noter cependant qu'après une attente de plus de deux mois, « aucune mesure n'a été décidée en faveur du secteur de la boulangerie, d'où notre décision de recourir à la grève ».