Le Comité national des boulangers et pâtissiers a décidé hier de lancer un mot d'ordre de grève générale, dont la date et la durée devront être arrêtées au courant de cette semaine par les membres de son bureau national. La décision de recourir au débrayage a été votée par la majorité des délégués des différentes wilayas du pays, au cours d'une réunion extraordinaire, tenue au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) à Alger. En présence du directeur de la régulation au ministère du Commerce, M. Yahiaoui, les membres du Comité des boulangers ont ainsi convenu de la nécessité de recourir à la grève comme ultime moyen de faire aboutir leurs revendications, dont notamment celle portant sur le réajustement des prix du pain et de la farine. Intervenant à l'ouverture de la réunion, le secrétaire général de l'UGCAA, organisation à laquelle est affilié le Comité des boulangers, a expliqué que la corporation des boulangers doit décider en urgence des actions à entreprendre afin de sortir de la grave crise à laquelle elle est confrontée depuis plusieurs mois. La décision de tenir une réunion extraordinaire, a-t-il souligné, intervient en réaction aux récentes déclarations du ministre du Commerce, Nourredine Boukrouh, qui a écarté toute éventualité d'augmentation du prix du pain. Abondant dans le même sens, le secrétaire général du Comité des boulangers, M. Benabdesslam, a signifié, pour sa part, qu'après cinq mois de discussions avec les services du département de Nourredine Boukrouh , ce dernier s'est « engagé, solennellement et au nom du chef du gouvernement, à prendre rapidement en charge les revendications légitimes des boulangers, y compris celle portant sur le réajustement des prix du pain et de la farine ». Or, a-t-il lancé, « le dialogue avec la tutelle du commerce a été rompu, car le ministre a décidé de revenir sur ses engagements sans nous faire part d'aucune autre proposition de solution ». Pourtant, révélera le même intervenant, « à la faveur de nos négociations avec les services du ministère, il a été clairement convenu que le prix de la baguette de pain courant devait connaître une augmentation en deux temps, en passant de 7,50 DA à 9,50 DA en juillet 2004 et à 11,50 DA en janvier 2005 ». Et de soutenir en substance que « si le commerce est libre, tous les prix doivent être libres ». Les boulangers, affirmera-t-il en définitive, « ne cherchent pas spécialement une hausse du prix du pain, mais réclament tout juste la possibilité de réaliser une marge bénéficiaire ». Interpellé à maintes reprises par des délégués du Comité des boulangers de différentes wilayas, le directeur de la régulation au ministère du Commerce a tenté de rassurer ses vis-à-vis, en leur signifiant que le dialogue avec les services du ministère n'est pas rompu et que de nombreuses mesures ont été décidées par les pouvoirs publics afin d'atténuer la crise financière à laquelle est confrontée leur corporation. Il évoquera en ce sens l'instruction donnée à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) pour garantir l'approvisionnement des minoteries à hauteur de 50% des besoins du marché national en blé tendre, ainsi que les mesures prises en vue de juguler le phénomène de la vente informelle de pain. Il faut savoir en effet que la qualité du blé tendre est à la base de la fabrication de la farine destinée à la panification. Cela étant, la décision d'augmenter le prix du pain, précisera le représentant du département de Boukrouh, ne relève pas du seul ressort du ministère du Commerce. Payant le quintal de farine panifiable à plus de 2200 DA, alors que son prix est réglementé à 2000 DA, les boulangers soutiennent mordicus qu'ils ne peuvent plus continuer à travailler « à perte » en vendant du pain courant à 7,50 DA. A rappeler enfin que les prix de la baguette de pain ordinaire (250 g) et du quintal de farine panifiable sont fixés respectivement à 7,50 DA et 2000 DA en vertu du décret de 1996.