Le comité national des boulangers décidera à l'issue de cette réunion de la date et de la durée de la grève nationale et générale. Les boulangers menacent de débrayer si jamais le gouvernement ne répond pas à leurs revendications. Le bureau exécutif du comité national des boulangers se réunira demain, en son siège, pour fixer la date et la durée de la grève qui sera déclenchée en vue de faire valoir leurs exigences. Un préavis de grève sera déposé à l'issue de cette rencontre qui regroupera les représentants du comité des boulangers, affiliés à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). «Nous sommes las d'être traînés à longueur d'année. Seul un mouvement de débrayage pourra mettre un terme à nos problèmes» a menacé hier le président du comité des boulangers, Medjdoub Abdeslam. Deux mois se sont écoulés depuis que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s'est engagé à prendre des mesures devant permettre de réaliser des marges bénéficiaires. Mais à nos jours, les boulangers ne voient rien apparaître. Dans son intervention à l'occasion de la 25e session du Conseil national économique et social (Cnes) tenue en décembre 2004, le chef du gouvernement avait annoncé l'augmentation des prix de l'eau, de l'électricité et du carburant. La décision du chef de l'Exécutif s'est effectivement concrétisée sur le terrain en prévoyant une augmentation des prix du carburant d'un dinar à partir du 1er janvier 2005. Néanmoins, M.Ouyahia a écarté l'éventualité de revoir les prix du pain à la hausse. «Nous trouverons le moyen pour que la facture ne soit pas supportée par les boulangers». Cependant, le discours rassurant du chef du gouvernement n'a pas eu l'effet escompté chez les boulangers. D'autant que ce même discours a été tenu auparavant par le ministre du Commerce, Nourredine Boukrouh, et ce avant qu'il ne se rétracte. Dans leur batterie de revendications, les boulangers demandent le réajustement du prix du pain de 7,50 et 8,50 DA, tel qu'il a été fixé par le décret exécutif du 13 avril 1996, à 11,75 DA. Il convient de souligner que cette structure des prix a été élaborée par la commission mixte, Ugcaa/ministère du Commerce, en mars 2004. En revanche, selon M.Medjdoub, cette structure est dépassée. Le prix de revient de la baguette fixé à 11,75 DA devra être révisé. En effet, bien que le prix de la farine soit le même depuis 1996 (200 DA/q), il n'en demeure pas moins que les prix des autres produits entrant dans la fabrication du pain ont connu de fortes augmentations à l'instar des autres charges. Le comité des boulangers cite dans ce contexte, la constante hausse des prix du gasoil, de l'eau, de l'électricité... Ceci fait que la marge bénéficiaire devient insuffisante. «La marge bénéficiaire est nulle», a indiqué M.Medjdoub. Il ne va pas sans préciser que «85% des boulangers utilisent le gasoil, augmentant ainsi le prix de revient de la baguette. Ce que nous demandons à l'Etat, ce n'est pas l'augmentation du prix du pain mais de nous assurer notre bénéfice.» Ainsi donc, la seule option en perspective est un mouvement de grève nationale. «Nous avons épuisé tous les recours possibles, mais le gouvernement nous tourne toujours le dos. Le dialogue a été rompu unilatéralement depuis juillet 2004, suite à la décision du gouvernement de dissoudre la commission mixte» a soutenu le président du comité national des boulangers algériens.