Mercredi soir, après sept heures de discussions, le couple franco-allemand avait débloqué la situation dans l'Union monétaire en se mettant d'accord sur le dossier grec. Ce compromis entre Paris et Berlin a servi de base au projet d'accord qui se dessinait jeudi à Bruxelles, lors d'un sommet crucial pour la zone euro. Il comporte plusieurs mesures, de l'allègement de la dette à de nouveaux outils pour le Fonds de secours de l'Union monétaire. Après les prêts de 110 milliards d'euros sur trois ans octroyés à la Grèce en mai 2010 par la zone euro et le Fonds monétaire international, une nouvelle aide devait être accordée au malade grec. Le montant était en discussion, mais un chiffre de 71 milliards d'euros de nouveaux prêts était évoqué. Autre point d'accord entre les dirigeant européens, les conditions de prêts devaient être assouplies. La zone euro compte allonger de 7 ans et demi à 15 ans au minimum la durée de ses prêts aux pays en difficulté. Parallèlement, le taux d'intérêt sera réduit de 4,5 à 3,5%. Les créanciers privés de la Grèce (banques, assurances, fonds de pension…) devraient également être appelés à participer à l'effort collectif. En tout, le projet d'accord européen pourrait permettre de réduire la dette grecque de 350 milliards d'euros. Quant au Fonds européen de stabilité financière (FESF), fonds de secours de la zone euro mis en place en 2010, il devrait voir son champ d'action élargi. Si la Banque centrale européenne constate des «circonstances exceptionnelles» et que les Etats membres donnent leur accord unanime, le fonds pourra acheter de la dette publique de pays en difficulté sur le marché obligataire secondaire, là où les investisseurs s'échangent les titres après leur première émission. Toutes ces mesures visent à éviter une contagion de la crise grecque aux pays les plus fragilisés de la zone euro (Portugal, l'Irlande, ou encore l'Italie). Une telle contagion signerait probablement l'arrêt de mort de l'Union monétaire, ou du moins une refonte totale de son fonctionnement actuel. Enfin, un tabou était sur le point d'être brisé à l'issue de ce sommet européen. Les solutions envisagées risquaient en effet de déboucher sur un défaut de paiement partiel de la Grèce. Jusqu'ici, la BCE avait toujours menacé de ne plus accepter les titres de la dette publique grecque si ce scénario se réalisait. Face à l'urgence de la situation, elle a été obligée, comme de nombreux acteurs européens, de faire des concessions.