Si, dans la journée, la majorité de nos plages sont mortes, on peut se consoler du regain d'animation que nos stations balnéaires et autres localités maritimes connaissent en nocturne. Nous voici de retour à Zéralda. Le site touristique reprend peu à peu des couleurs. Une musique tonitruante fuse du théâtre de Verdure. C'est Mohamed Alaoua, la star montante de la chanson kabyle, qui enflamme la scène. Les cafés et salons de thé s'animent. Mais c'est surtout le Safir-Mazafran et ses belles terrasses qui s'adjugent le gros de la clientèle. Sinon, à la plage, c'est la même ambiance morose. Il n'y a quasiment pas de baigneurs. Seuls des enfants participant à une colonie de vacances occupent le site. A Azur Plage, le parking que nous avons laissé vide dans la matinée est bondé de voitures. Les tables qui étaient esseulées sont envahies par les familles. Même la plage est investie en force par les baigneurs, dont nombre de femmes en hidjab et autres mères de famille. Des cafétérias proposent gâteaux et boissons fraîches au milieu d'une musique chaâbi. Un kiosque suggère des narguilés à 300 et 400 DA la dose. Des jeunes louent un pédalo à 500 DA l'heure. Mohamed, l'un des gérants de ce tronçon de plage, explique : « Nous avons eu une mauvaise saison depuis le début, et là, on essaie simplement de rattraper le coup. On loue la table à 200 DA et non pas 1200 DA comme certains l'ont écrit. On essaie d'apporter un peu de gaieté aux zawalis. On reste ouvert jusqu'au s'hour, ce qui permet aux familles de passer un agréable moment dans une ambiance festive en plein air, loin de l'exiguïté caniculaire de la vie en appartement. » Et de reprendre : « Nous louons cette base à 11 millions de centimes et avons du mal à amortir ce chiffre. La saison a été morte, les gens partaient à Oran, à Bougie, en Tunisie. Nous n'avons que trois mois pour gagner un peu d'argent. » Cela explique le volontarisme de notre ami et des rabatteurs alentour qui se disputent les clients avec d'autant plus d'acharnement que l'été touche à sa fin. A Palm Beach, même topo : la plage grouille de monde et les terrasses sont prises d'assaut par les noceurs, dans une bonne ambiance festive. Le raï bat son plein et les hôtels se parent de leurs meilleurs atours. La majorité est mise au régime « kheïma » pour faire « in », le tout, sur fond d'inquiétude que cette saison 2009 ne soit un flop. Des jeunes jouent au foot, d'autres font du roller, des commerces proposent glaces et grillades. Sur l'axe Staouéli-Bab El Oued, la route est très animée. Les villes respirent la gaieté. Les petites criques, qui longent la côte, sont en fête, à l'image de la plage Franco, à Raïs Hamidou, ou encore le long du boulevard front de mer, à Bologhine. Certains veillent au bord de l'eau jusqu'au s'hour à jouer aux dominos en sirotant un bon thé à la menthe. Même ambiance chamarrée à Bab El Oued dont les plages Er'mila et El Kettani connaissent une très bonne affluence nocturne, au grand bonheur des Algérois qui désespéraient de voir leur ville profiter des douceurs de la nuit et des délicieuses saveurs ramadhanesques, dont les métropoles orientales ont le secret.