Jusqu'à preuve du contraire, aucune clinique privée ne dispose d'un incinérateur de déchets hospitaliers à Annaba. Tous les incinérateurs sont implantés dans des établissements publics de santé. En effet, selon une source proche de la direction de la santé de Annaba, il existe au total 7 appareils qui sont installés au niveau de l'hôpital Ibn Sina, des établissements hospitaliers spécialisés (EHS) d'El Bouni et Séraïdi, de l'établissement public hospitalier (EPH) d'El Hadjar et des établissements publics de santé de proximité (EPSP) d'El Hadjar et Berrahal. Mais alors, où partent les déchets hospitaliers d'une dizaine de cliniques privées dont plusieurs assurent des accouchements et des interventions chirurgicales allant jusqu'à l'amputation de membres? Au centre d'enfouissement technique d'El Berka Zerga, affirme un employé de la direction de l'environnement de la commune d'El Bouni. «Les cliniques médicales qui se respectent sont conventionnées avec des établissements de santé publique qui leur assurent l'incinération des déchets hospitaliers. Mais il existe d'autres, dont les propriétaires sont peu scrupuleux, qui préfèrent jeter leurs déchets, avec pièces anatomiques, dans des centres d'enfouissement au lieu de payer la prestation de l'incinération. Cela ne leur coûtera qu'un insignifiant bakchich versé aux gardiens et éviter ainsi le recours à l'autorisation communale. Mais ces pratiques représentent un risque de contamination pour les agents du CET Berka Zerga», expliquent plusieurs médecins au fait de ce dossier. En effet, ces travailleurs qui ont maintes fois dénoncé cette situation, déclarent: «Compte tenu du risque omniprésent de contamination, nous exigeons un contrôle médical semestriel et des tenues de protection spécifiques à notre travail.» A noter que quelques années après sa mise en exploitation, le CET d'El Berka Zerga ne semble pas avoir réglé le problème. Des fumées s'en dégagent quotidiennement, et une puanteur insoutenable pollue le site et ses alentours. Cet état de choses est dû, à l'évidence, à l'absence de communication et de cohésion entre les différentes structures communales, les communes utilisatrices et le trop peu de transparence dans la gestion de cette infrastructure. Cette situation égratigne au passage quelques administrations locales, comme la santé, l'industrie et l'environnement. Pis encore, l'analyse du lait provenant des vaches laitières de cette région pourrait révéler des résultats inquiétants, en matière de prophylaxie. A défaut d'incinération de toutes les ordures, des dizaines de vaches se nourrissent des détritus abandonnés, notamment d'origine hospitalière, ce qui contribue à infecter la chaîne alimentaire, dont le citoyen annabi est la première victime. L'urgence d'un contrôle plus rigoureux de cet aspect de la pollution s'impose, tout autant que la définition des seuils précis de gestion de tous les déchets. Cette situation mérite une prise en charge par ceux qui sont censés protéger la santé des populations.