C'est le cas, par exemple, du quartier Sidi Ahmed qui a connu, il y a quelques jours, des perturbations dans la distribution de ce produit de base. Dans d'autres quartiers en revanche, la tension enregistrée durant les premiers jours du Ramadhan s'est estompée. Partout ailleurs dans la wilaya, notamment dans la vallée de la Soummam, l'offre satisfait largement la demande, avons-nous constaté. «Pour faire face à la tension qu'ont connue certains quartiers, nous avons envoyé des cargaisons par camions sillonner les endroits qui étaient en proie à une tension. Depuis, la situation est revenue à la normale. Le lait est largement disponible», affirme M. Medjkoun, cadre au sein de la laiterie Djurdjura, implantée à Akbou. M. Moumène, directeur du commerce de la wilaya, impute cette tension affectant certains quartiers de la ville de Béjaïa «à la forte concentration de la population dans le chef-lieu de wilaya, la hausse de la demande enregistrée durant le mois de Ramadhan et à l'éloignement des unités de transformation». «Pour absorber cette tension, nous avons tenu des réunions de concertation avec l'UGCAA et les transformateurs afin de renforcer les circuits de distribution», explique M. Moumène. Ce responsable assure que «la situation qui s'est beaucoup améliorée ces derniers jours, le sera davantage prochainement». La wilaya de Béjaïa, qui compte un million d'habitants, dispose de six transformateurs de lait. Cinq unités privées et une entreprise publique implantée à Amizour. Selon la direction du commerce, la quantité journalière moyenne de lait pasteurisé mise sur le marché est passée de 159 986 litres durant la deuxième quinzaine précédant le Ramadhan à 195 019 litres durant la première quinzaine de ce mois sacré. Lundi 15 août, 216 000 litres de lait ont été produits, soit 25% de plus que la moyenne nationale. Et encore cette quantité n'a été fournie que par trois unités de transformation, les trois autres usines étant à l'arrêt, «pour cause de panne technique passagères», indique-t-on. L'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) est le distributeur exclusif de la poudre de lait importée et subventionnée. Pour faire face à la forte demande durant le Ramadhan, le ministère de l'Agriculture a exhorté l'ONIL à revoir à la hausse de 15% les quotas de poudre de lait au profit des transformateurs. Mais certains de ces derniers estiment que «cette augmentation ne suffit pas à absorber la forte demande, notamment durant le Ramadhan». Limitation des quotas C'est indéniablement une contrainte cette limitation des quotas des transformateurs en poudre de lait. Un nouveau dispositif a été mis en place. Les laiteries ont signé un contrat sous forme de cahier des charges avec l'ONIL. Le principe : les quotas en poudre de lait subventionnée fournis par l'ONIL sont tributaires des quantités de lait collectées auprès des fermes laitières. L'ONIL a fixé un moratoire jusqu'à septembre pour permettre aux laiteries de se conformer à ce cahier de charges. Faute de quoi elles se verront exclues de la livraison de la poudre de lait subventionnée. Cette mesure décidée par le ministère de l'Agriculture de réduire les quotas de lait en poudre aux laiteries vise à encourager la collecte du lait cru. 80% de la quantité de lait cru produit localement ne sont pas collectés. Toutefois, la collecte du lait, notamment en région montagneuse comme Béjaïa, est loin d'être une chose facile. Les élevages ne couvrent même pas le tiers de la consommation domestique. En 2010, seulement 6% de la consommation domestique en lait ont été collectés et livrés aux usines de conditionnement. Cette limitation des quotas en poudre de lait subventionnée a indéniablement affecté la disponibilité du lait dans les commerces. «Certaines unités de transformation ne travaillent qu'à 50% de leur capacité. Leur dotation en poudre de lait étant désormais tributaire de leur taux d'intégration en lait cru collecté dans les fermes», indique le directeur du commerce. A la question de savoir si la poudre de lait subventionnée n'est pas détournée au profit de la production de glaces, le directeur du commerce répond que ses services «n'ont relevé, jusque-là, aucune infraction de ce genre». «Nous exigeons des factures à tous les intervenants. De la sorte, nous assurons une totale traçabilité du circuit emprunté par la poudre de lait subventionnée. Les deux fabricants potentiels de glaces implantés dans la wilaya de Béjaïa importent eux-mêmes leur matière première», soutient M. Moumène.