A l'occasion du centenaire de la naissance de Malek Bennabi, les éditions Dar El Gharb viennent de rééditer son roman, « Lebbeik - Pèlerinage de pauvres », écrit en 1947. Cette réédition est préfacée par Abdelkader Djeghloul qui avertit d'emblée le lecteur que cette réédition se veut être un hommage au grand penseur de l'Islam comme religion et comme civilisation que fut Malek Bennabi. « Lebbeik » est un texte important, écrit Abdelkader Djeghloul, car « il clôt un cycle, celui de l'entre-deux-guerres dont la dynamique est fondée sur la confrontation Islam-Modernisme. » Au moment où le roman algérien, notamment avec Mouloud Feraoun et Mohamed Dib, se donne comme horizon les différentes déclinaisons de l'humanisme universaliste occidental, Malek Bennabi explore une autre piste avec vigueur, verdeur et douceur, celle de l'humanisme musulman qui n'est plus clôture défensive sur un « quant à soi grégaire », mais ouverture normée sur le monde. Grossièrement, Lebbeik est, en fait, l'histoire de deux héros, Brahim, alcoolique, qui, en décidant d'accomplir le pèlerinage, entame non seulement une sorte de cure de désintoxication mais renoue le lien d'affiliation à sa famille, à son épouse et à ses compagnons de voyage, et Hadi. Dans son avant-lire, l'auteur écrit : « C'est l'histoire d'un charbonnier et d'un gosse de Bône qui ont réellement existé. La seule fiction consiste dans le lien que j'ai mis entre eux dans l'espace et le temps. »